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Le groupe francophone belge profite d’une bonne santé économique pour porter la relance d’une cinquantaine d’initiatives culturelles. Plus de 13 millions d’euros sont débloqués en ce sens.

Jean-Paul Philippot, l’administrateur général de la RTBF, est souvent cité comme un candidat potentiel à la présidence de France Télévisions. Sans démentir ni confirmer, il répond qu’il est entièrement à sa tâche, en Belgique, avec son plan de relance « restart ». Particularité de ce projet : il va au-delà de l’audiovisuel pour soutenir l’ensemble des acteurs culturels belges francophones. Pas moins de 13,4 millions d’euros sont dévolus à cet effet entre 2020 et 2021. Soit 4,8% du budget de la RTBF, qui tire 20% de ses revenus de la publicité. « Outre 8,1 millions de budget nouveau, nous avons 5,3 millions sur la programmation globale qui seront réorientés dans une politique éditoriale de soutien aux industries créatives », dit-il.

Appels à projets

Une cinquantaine d’initiatives ont été retenues, parfois en partenariat avec France Télévisions ou Radio France. Elles vont du festival Musiq3 aux captations de spectacles vivants, en passant par des concerts ou des podcasts littéraires originaux. Des appels à projets ont, en ce sens, été lancés sur des web-fictions, des documentaires, des séries, des courts-métrages, des podcasts, etc. Le groupe compte d’ailleurs recourir à sa plateforme numérique Auvio pour monétiser des œuvres afin de permettre aux visionautes de continuer de faire vivre à distance le monde de la culture.
« Nous avons décidé d’aller au maximum de notre capacité de production interne sans toucher aux effectifs », souligne Jean-Paul Philippot. Si des économies de « plusieurs millions d’euros » sont engagées, elles porteront sur les frais généraux et non sur la masse salariale qui compte 1900 salariés (ETP) et 200 collaborateurs extérieurs. Il est vrai que le RTBF cumule plusieurs atouts : d’abord, d’excellentes parts d’audience qui lui permettent de conforter son leadership (26,7% en TV et 34% en radio). Ensuite, une gestion drastique après une réorganisation en 2014 qui a eu pour effet de supprimer un quart des postes puis de créer des pôles, non plus par médias, mais par lignes éditoriales et en fonction des attentes des publics. 

En 2019, la capacité d’autofinancement (Ebitda) était de 29 millions d’euros. « On rentre dans cette crise avec une situation financière très solide, on espère pouvoir la traverser sans demander un financement à l’Etat », anticipe le dirigeant. En 2020 et 2021, la RTBF table sur des pertes de 3,8 et 4,4 millions d’euros, et plus de 18 millions d’euros sur deux ans de manque à gagner publicitaire. Elle pense donc pouvoir maintenir ses investissements sur internet ainsi que la construction de son nouveau siège à Bruxelles. Dès cet été commencera l’édification de cet espace de 38 000 m2 qui devait être achevé en 2024 dans le nouveau quartier Mediapark.
Vis-à-vis de ses principaux annonceurs, le groupe public offre des « opportunités de leviers » via le parrainage de ses initiatives culturelles. Sans toucher à ses « balises déontologiques », il compte pousser de toute sa force de frappe ses programmes soutenus. « Je suis convaincu que c’est par l’alliance des acteurs privés et des médias qu’on réussira une relance rapide », conclut l’administrateur général.

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