Presse
Les éditeurs indépendants de presse représentent une voix trop souvent silencieuse au regard de leur poids chez les marchands de journaux. Ils ont décidé de se faire entendre.

À toute chose malheur est bon. La crise qui secoue Presstalis depuis des mois a permis aux petits éditeurs de presse de s'entraider. À force de voir les grands groupes à la manœuvre dans les coopératives (Prisma Media, Le Monde, Le Figaro, CMI), ils ont compris qu'ils devaient s'organiser pour défendre leurs intérêts. De Picsou Magazine à Zadig, en passant par Le 1, Point de vue, Society ou So Foot, ces éditeurs indépendants sont vifs, dynamiques et importants en dépit de leur modeste chiffre d'affaires individuel. Entrent en effet dans cette catégorie les éditeurs dont les ventes au montant fort (hors réductions) sont inférieures à 5 millions d'euros par an. C'est la classification qu'a récemment fait valoir l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), chargée également de réguler la distribution de la presse. Elle a autorisé ces « petits » groupes de presse à quitter Presstalis au profit de MLP, son concurrent, pour ne plus être engloutis par sa déroute financière. 

Pouvoir de pression politique

Une décision annoncée le 5 mai et obtenue à la suite de la création de Celin, « coopérative des éditeurs libres et indépendants ». Elle regroupe les patrons de presse des Cahiers du Cinéma, des éditions Jibena (créateurs de grilles de jeux), de Hildegarde (Première, Première Classics, Studio, Causette, Le Film Français), de Panini France, de Point de Vue, de So Press (Society, So Foot, So Good, L'Étiquette…) et de Unique Heritage Media (Journal de Mickey, Picsou Magazine, Disney Princesses), présidé par Emmanuel Mounier. « Nous avons voulu nous regrouper en tant qu'éditeurs indépendants pour avoir un pouvoir de pression économique, explique Franck Annese, le patron de So Press. Via nos publications, nous avons déjà individuellement un pouvoir de pression politique, qu'il s'agisse d'Éric Fottorino avec Le 1, Zadig ou America ou de moi avec So Press. Nous avons accès aux médias et nous pouvons y exposer nos problématiques. Mais nous n'avions pas voix au chapitre au sein de Presstalis par exemple. Tout simplement parce que nous n'avions personne dans nos petites structures individuelles dédié aux problèmes de distribution, qui aurait pu assister aux réunions où tout se décidait… sans nous. Grâce à Celin, nous pouvons nous faire entendre. » Les éditeurs affiliés à cette structure ont donc rejoint les MLP le 12 mai. Ils attendent le remboursement de leurs créances par Presstalis, qui ne leur reverse plus (comme au reste des éditeurs) le montant des ventes de leurs journaux depuis le mois de mars. « C'est un scandale sans précédent et surtout pour les éditeurs comme nous qui n'ont pas une énorme surface financière » s'exclame Adelaïde de Clermont-Tonnerre qui dirige Point de Vue. Elle estime que la faillite de Presstalis spolie son titre de 3 millions d'euros qui lui sont dûs. Et les motifs de mécontement perdurent puisque l'Arcep a rendu obligatoire, le 19 juin, pour les éditeurs distribués par Presstalis au 5 mars 2018 de verser à l'entreprise une contribution exceptionnelle de 2,25% jusqu'au 5 mars 2023. Mais désormais, le monde de la presse va aussi devoir compter avec Celin.

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