Audiovisuel
Même si les émissions musicales sont mieux exposées en première partie de soirée, les chaînes restent globalement frileuses dans l’exposition de la musique sur leur antenne.

Qui a dit que la musique ne faisait pas d’audience en prime time ? Année après année, le concert des Enfoirés, dont l’édition 2020 a encore rassemblé 9,47 millions de téléspectateurs le 6 mars sur TF1 (41,8% de part d’audience), prouve le contraire. Pour autant, les émissions et programmes musicaux continuent d’être diffusés avec parcimonie par les chaînes TV. Selon une étude publiée début 2020 par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’offre musicale sur les chaînes nationales gratuites a même reculé en 2013 et 2018, à 8,1% (-1,6 point) de l’ensemble du temps d’antenne des 19 chaînes étudiées. En cause notamment, l’arrêt d’un certain nombre de concours de talents (La Star Academy, Nouvelle Star…) et l’évolution des obligations conventionnelles de W9 et CStar en 2018.

La musique, «parent pauvre de la télévision»

En première partie de soirée en revanche, les programmes musicaux sont légèrement à la hausse depuis 2015, même si la musique ne représente que 2,3% de l’offre de programmes sur la tranche 20h30-23h. « En prime, la musique reste le parent pauvre de la télévision », regrette Alexandre Lasch, directeur général du Snep, qui rassemble les grandes majors de la musique. Pour lui, la télévision a pourtant un rôle essentiel à jouer dans la promotion de la musique : « même à l’heure du streaming, la télévision, et encore plus la radio, sont les premières prescriptrices de nouveautés et elles installent les carrières des artistes. » Seuls les moins de 25 ans découvrent d’abord les nouveautés musicales par le streaming vidéo, YouTube en tête.

Dans son rapport, le CSA relève que les clips musicaux (les vidéomusiques) restaient encore de loin le genre de programmes musicaux le plus diffusé en 2018 (64,1 % de l’offre), devant les divertissements (14,3 %) et les spectacles et concerts (13,7 %). Mais plutôt la nuit que le jour. « La valeur d’audience des vidéomusiques est faible », relève Jérôme Fouqueray, directeur général de W9 et 6Ter. Leur audience moyenne est tombée à 30 000 téléspectateurs, soit une baisse de 30 à 40% en cinq ans, indique-t-il. « Le monde de la musique a changé. Si on veut rester attractif auprès des jeunes, nous devons travailler à l’éditorialisation de la musique », ajoute le dirigeant.

Meilleure exposition

C’est dans cette logique que W9 a obtenu du CSA une baisse du volume de ses obligations musicales (à 3 300 heures par an) moyennant une meilleure exposition de la musique aux heures de grande écoute. La chaîne lui consacre désormais 25 prime times par an, avec par exemple l’émission Tout le monde chante ou le concert de Mylène Farmer diffusé en janvier. Pendant le confinement, W9 a aussi repris sur son antenne la matinale de Bruno Guillon sur Fun Radio (qui fait aussi partie du groupe M6), lui permettant de tripler l’audience de la case. « L’éditorialisation des vidéomusiques, en les replaçant dans un contexte d’émission en direct, a une vraie valeur d’audience », insiste Jérôme Fouqueray. La chaîne pourrait d’ailleurs renouveler l’opération à la rentrée avec la matinale de RTL2.

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