Tribune
La pandémie du Covid-19 a replacé au centre la question de la fiabilité de l'information. A tous les niveaux, les professionnels des médias, y compris les directions de communication des entreprises et les agences, ont une responsabilité dans le renforcement du lien de confiance.

Le secteur des médias et de l’information est profondément bouleversé par la crise sanitaire et économique liée à la pandémie de Covid-19. Les groupes de médias ont notamment dû s’adapter à la transformation des pratiques de consommation médiatique. Dans un contexte d’hypermédiatisation, la question de la fiabilité de l’information est redevenue centrale. Face à cet enjeu, tous les acteurs impliqués dans la chaîne de valeur de l’information ont un rôle à jouer, des journalistes aux directions de communication des entreprises, en passant par les agences de relations presse et social media. En tant que professionnels du secteur, nous avons tous une responsabilité dans la consolidation d’une relation de confiance autour d’une information fiable et de qualité, garantissant l’indépendance des médias.

La crise du Covid-19 a créé un fort besoin d’information et a eu pour conséquence l’explosion de la consommation médiatique avec, en particulier, des records d’audience enregistrés par les supports audiovisuels et numériques. Les chiffres publiés par Médiamétrie ont fait état en mars d’un gain de 5 millions d'internautes pour les sites d’actualité et de 8 millions pour les réseaux sociaux. Selon les chiffres de l’ACPM, le nombre de souscriptions d’abonnements numériques a été multiplié par un facteur allant de deux à cinq lors de certaines journées pour des médias matures, et jusqu’à dix pour des médias plus récents. Les grands quotidiens nationaux (Le Monde, Le Figaro, Libération, Les Échos) ont particulièrement bénéficié de ce phénomène. Selon le Digital News Report 2020, publié par le Reuters Institute le 16 juin, cette tendance à la digitalisation devrait s’imposer, les groupes de médias accélérant actuellement leurs stratégies de développement online.

La situation de pandémie a également eu un corollaire dans le champ de l’information, qualifié d’«infodémie» par António Guterres, secrétaire général de l’ONU, qui avertissait le 27 mars dernier : «notre ennemi commun est la Covid-19, mais notre ennemi est aussi une infodémie de désinformation», faisant référence à l’explosion sans précédent de fake news et de rumeurs sur les réseaux sociaux notamment. Dans ce contexte, la recherche d’informations vérifiées a clairement bénéficié aux médias traditionnels reconnus pour leur sérieux. Comme l’indique le New York Times, même si Facebook est redevenu avec la crise un carrefour majeur en matière d’information, les articles consultés via le réseau social aux États-Unis proviennent d'un nombre très réduit de supports, essentiellement le New York Times, le Washington Post et ABC News. La même tendance se dessine en France où les grands quotidiens nationaux sont largement plébiscités depuis le début de cette crise.

Pour une chaîne de valeur de l’information unie

Dans le «monde d’après», la confiance des publics dans l’information est plus que jamais au cœur des préoccupations. Selon l’enquête et le rapport du Reuters Institute, cet indice de confiance atteint aujourd’hui son niveau le plus faible depuis qu’il est calculé : sur l’ensemble des lecteurs interrogés dans les 40 pays couverts par l’enquête, seulement 38% disent faire confiance aux sources d’information qu’ils consultent. Garantir une information crédible et indépendante de tout pouvoir est au cœur de la construction de cette confiance.

Nous, professionnels du secteur, devons travailler ensemble, dans l’écoute et le respect de nos métiers respectifs, afin de produire des contenus médiatiques de qualité, pédagogiques, basés sur des informations rigoureusement vérifiées. En tant que partenaires de la chaîne de production de l’information, nous devons faciliter le travail des journalistes. Nous devons redoubler de créativité, de proactivité et d’agilité pour proposer des contenus qui donnent des repères dans un monde incertain mais qui ouvrent également des perspectives. Car si l’information doit impérativement être factuelle et transparente, elle doit aussi permettre d’engager une réflexion sur les enseignements à tirer et sur le monde post-crise dont la construction sera nécessairement collective. Dans cette période trouble et complexe, nous sommes tous garants d’un renouveau médiatique qui permettra de maintenir la qualité de l’information à un niveau élevé pour restaurer ainsi la confiance et préserver l’indépendance des supports.

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