Réseaux sociaux
Les premiers éléments de l'enquête sur le piratage spectaculaire dont a été victime Twitter le 15 juillet pointent vers une taupe et soulèvent de nombreuses questions sur l'intégrité de la présidentielle américaine.

À la suite du «hacking» de Twitter le 15 juillet, la cybersécurité est plus que jamais au centre des débats. Notamment pour ce qui concerne la sécurité du compte de Donald Trump, qui a bien l'intention de rester sur son réseau social de prédilection. Le compte du président américain, qui y diffuse sans filtre quotidiennement ses messages à 83,5 millions d'abonnés, n'a pas été piraté.

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La porte-parole de la Maison Blanche Kayleigh McEnany a affirmé le 16 juillet que «le président restera sur Twitter» et assuré que l'exécutif américain ne s'inquiétait pas des vulnérabilités mises à jour mercredi 15 juillet.

«C'est parce que le compte du président avait été supprimé par un contractuel de Twitter il y a plusieurs années, ce qui avait conduit l'entreprise à le protéger tout particulièrement», a avancé sur la chaîne CNBC l'ancien responsable de la sécurité de Facebook et aujourd'hui professeur associé à Stanford Alex Stamos, pour expliquer pourquoi le compte présidentiel avait été épargné.

Enjeux énormes pour la présidentielle

Mais signe de l'enjeu énorme que représente la présidentielle de novembre pour les plateformes, Twitter avait décidé pour la première fois en mai de signaler des publications de Donald Trump présentées comme «trompeuses» et avait mis en garde ses abonnés qu'elles violaient les règles du site. 

Influence politique

De fait, à un peu plus de trois mois du scrutin, l'influence politique des réseaux sociaux, sujet déjà très débattu aux États-Unis, s'impose encore plus comme l'un des thèmes clefs de la campagne. Parmi les personnalités politiques américaines de premier plan, les comptes du candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden, de l'ancien président Barack Obama et de l'ex-maire de New York Michael Bloomberg ont été ciblés par l'attaque de mercredi, sur laquelle la division de San Francisco du FBI, la police fédérale américaine, a annoncé ouvrir une enquête.

Ce «hacking» de grande ampleur a conduit Josh Hawley, sénateur républicain du Missouri, à adresser une lettre au patron de Twitter Jack Dorsey. «Je m'inquiète du fait que cet événement ne soit pas simplement une série

coordonnée de piratages distincts les uns des autres, mais plutôt une attaque réussie contre la sécurité même de Twitter», a écrit le sénateur.

Menace pour la vie privée

«Une attaque réussie des serveurs de votre système représente une menace pour la vie privée et la sécurité des données de tous vos usagers», a poursuivi Josh Hawley.

Quelques heures avant l'incident, le comité de surveillance et de réforme du gouvernement de la Chambre des représentants avait estimé nécessaire la nomination d'un responsable national de la cybersécurité. 

Spectre de 2016

Si le modus operandi de ce dernier piratage semble bien particulier - l'intrusion a probablement été initiée par un employé de Twitter selon des témoignages et des captures d'écran sur lesquels s'appuie le magazine Vice -, il agite le spectre de la campagne présidentielle de 2016, qui avait été entachée de failles majeures dans la sécurité des réseaux sociaux, en particulier Facebook. Le groupe avait été vertement critiqué pour avoir laissé se propager de massives campagnes de désinformation et ne pas avoir suffisamment protégé la sécurité de ses utilisateurs.

Cambridge Analytica

En mars 2018, le scandale Cambridge Analytica avait ainsi éclaté. Cette firme britannique, qui travaillait pour la campagne de Donald Trump, avait détourné les données personnelles de dizaines de millions d'utilisateurs dans

le monde.

Le géant californien a depuis multiplié les efforts pour lutter contre les tentatives de manipulation sur ses différentes plateformes, démantelant de nombreuses opérations de désinformation.

Twitter a pour sa part pris des mesures encore plus drastiques ces derniers mois, en interdisant notamment les publicités politiques.

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