Télévision
La chaîne « 100 % foot » s’est lancée en diffusant le premier match de la Ligue 1, le 21 août. Revue de ses atouts et handicaps.

Derrière les cars régie flambant neufs de Mediapro, on parle castillan ce 18 août à Aubervilliers, siège de Téléfoot. Des techniciens venus d’Espagne prêtent main forte à la chaîne « 100% foot », qui se lance avec la saison de Ligue 1 le 21 août. Au total, 160 badges d’accès ont été édités pour le personnel, dont une bonne centaine de permanents. « 100% de nos effectifs seront français », précise une directrice technique.
Vingt caméras sur le stade, connexion 4G, 10 cars-régies pour suivre les rencontres de L1 et L2… Mediapro se fait fort de proposer du grand et beau spectacle, avec un accès aux joueurs pour satisfaire les fans.

Gagner en renommée

Un partenariat avec TF1 permet de s’appuyer sur Bixente Lizarazu et Grégoire Margotton. Reste une grande inconnue : l’équation économique est-elle viable ? La chaîne doit conquérir 3,5 millions d’abonnés pour rentabiliser son investissement de 800 millions d’euros par an dans la L1 et L2. Injouable ?
Première difficulté, la notoriété. Philippe Bailly, président de NPA Conseil, s’étonne d’une communication tardive de la chaîne qui s’explique sans doute par des préparatifs retardés par le confinement. Début juillet, sept Français sur dix n’en avaient jamais entendu parler, selon un sondage NPA-Harris Interactive. « Ils ont sans doute voulu attendre les accords avec les FAI, alors qu’il eût mieux valu mettre la pression en faisant en sorte que les abonnés se tournent vers leurs opérateurs. » Mais, grâce à TF1 et une campagne publicitaire en contre-pied d’Ogilvy, la chaîne peut vite gagner en renommée. Surtout si le public se passionne pour l’odyssée du PSG après sa victoire en Ligue des champions.
Téléfoot cherche à rattraper son retard en matière de distribution. Après SFR et Bouygues Telecom, elle vient de signer avec Apple. Et un accord avec Facebook est attendu. Le fondateur de Mediapro, Jaume Roures, jugeait imminente le 18 août une reprise par Free, qui dispose de ses propres droits mobiles – pouvant aller jusqu’à 30 minutes de diffusion par rencontre. Mais Orange reste encore le grand absent, ce qui entrave pour l’heure le développement de Téléfoot.

Bundle avec Netflix

Les tarifs sont plus étagés qu’attendu. Si le cœur de l’offre est à 25,90 euros pour un engagement d'un an – avec la L1, L2, la Ligue des Champions et l’Europa League, une offre d’entrée de gamme est à 14,90 euros en OTT pour mobiles et tablettes. Cela pourrait limiter le revenu par abonné. Mais un bundle avec Netflix, à 29,90 euros, est susceptible de rallier les amateurs d’une offre mixte foot-séries-ciné. La régie publicitaire, assurée par Amaury Media, ne devrait pas représenter plus de 10% des recettes, selon Julien Bergeaud, le directeur général.
Enfin, la principale inconnue reste la situation sanitaire, susceptible de perturber le déroulement des affiches, au gré des cas de Covid-19 – comme à l’OM qui a dû reporter sa rencontre avec l’AS Saint-Étienne. Sur ce point, rien n’est prévu dans le contrat avec la Ligue de football professionnel et Mediapro a dû s’acquitter d’un premier chèque de 175 millions d’euros. Le foot reste dépendant de la pandémie avec des jauges limitées à 5000 spectateurs ou des matchs à huis clos.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.