Diplomatie
Les tensions se ravivent entre la Chine et la presse étrangère. Les États-Unis dénoncent des «menaces» à l’encontre de ses journalistes et deux reporters australiens ont quitté le pays en catastrophe.

Les États-Unis accusent, mardi 8 septembre, la Chine de «menacer» et «harceler» les journalistes étrangers après la décision de Pékin de geler les accréditations de médias américains sur fond de vives tensions.

L'administration Trump a déclenché les hostilités en 2020 contre les médias chinois présents aux États-Unis, au nom de la lutte contre les restrictions rencontrées par la presse étrangère en Chine. Une politique américaine qui a provoqué des mesures de rétorsion de la part de Pékin. Les deux puissances ont notamment expulsé à tour de rôle ces derniers mois un certain nombre de reporters de l'autre pays.

«Depuis plusieurs décennies, la Chine menace, harcèle et expulse des journalistes américains et étrangers», a fustigé la porte parole de la diplomatie américaine, Morgan Ortagus, citée dans un communiqué de l'ambassade des États-Unis à Pékin.

Lire aussi : Chine : les robots prêts à envahir le JT

Le dernier point de friction entre les deux puissances concerne la durée des accréditations. Washington n'attribue plus que des visas de 90 jours aux journalistes chinois présents sur le sol américain. En représailles, au moins cinq correspondants étrangers de quatre médias américains (dont le quotidien Wall Street Journal, la télévision CNN et l'agence Bloomberg) n'ont pas pu renouveler leur carte de presse, indispensable pour exercer, selon le Club des correspondants étrangers en Chine (FCCC). Les reporters concernés, pas nécessairement de nationalité américaine, ont reçu à la place des lettres officielles. Ces documents les autorisent à continuer de vivre et travailler en Chine mais peuvent être révoqués à tout moment.

Deux Australiens sous surveillance

Deux journalistes australiens ont quitté la Chine dans la nuit de lundi à mardi, craignant d'être arrêtés, ont annoncé mardi leurs employeurs. Bill Birtles, correspondant à Pékin de la chaîne ABC, et Michael Smith, correspondant à Shanghai de l'Australian Financial Review (AFR), se sont réfugiés durant plusieurs jours dans des locaux diplomatiques de leur pays, avant de quitter la Chine dimanche soir accompagnés de diplomates australiens. Ils sont arrivés à Sydney mardi matin, selon ABC. Ces départs précipités surviennent après l'arrestation, le mois dernier pour un motif indéterminé, d'une journaliste économique australienne travaillant pour la chaîne étatique chinoise en anglais CGTN, Cheng Lei. Cette arrestation a fortement tendu les relations entre Pékin et Canberra.

Réfugié à l'ambassade

Selon ABC, le correspondant de la chaîne Bill Birtles s'est vu conseiller la semaine dernière de quitter le pays par le ministère australien des Affaires étrangères. Mais peu avant son retour en Australie, prévu jeudi dernier, sept policiers chinois se sont rendus à son domicile au milieu de la nuit et lui ont fait savoir qu'il allait être interrogé pour une «affaire de sécurité nationale» et qu'il n'avait donc pas le droit de quitter le pays. À la suite de quoi le journaliste s'est réfugié dans son ambassade à Pékin.

Par la suite, M. Birtles a été interrogé par la police chinoise, en présence de deux diplomates australiens, et a été autorisé à quitter le pays. Michael Smith a également reçu la visite de la police à son domicile la même nuit, a indiqué l'AFR, selon qui les pressions contre les deux journalistes ont un lien avec l'arrestation de leur consœur Cheng Lei le mois dernier.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.