Numérique
La plateforme de contenus audiovisuels a été lancée comme prévu le 9 septembre sur 194 pays. Elle permet de s’adresser aussi bien aux francophones qu’aux francophiles.

Il est tentant de voir en TV5Monde Plus, lancée le 9 septembre, une réponse à Netflix. Mais la plateforme de streaming aux 5 000 heures de contenus francophones - l'an prochain - n’a rien de comparable : il faut compter sur 32 600 heures de programmes chez Netflix et 22 600 chez Amazon Prime. Surtout, elle dispose d’un budget 1 500 fois inférieur à celui de Netflix, ne propose pas d’abonnement payant et est ouverte à la publicité. Bref, ce n’est pas une offre de SVOD – avec des revenus susceptibles de financer une grosse part de création originale – mais une « stricte AVOD » (comme « ad-video supported on demand ») dixit Yves Bigot, directeur général de TV5Monde. « Le but n’est pas de concurrencer Netflix ou Amazon Prime, clarifie-t-il, mais de permettre à tous les francophones et francophiles d’avoir accès au meilleur de la création francophone. »

Vitrine alternative

Initiée en octobre 2018, à Erevan lors d’un sommet de la francophonie, la plateforme a été portée par Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, qui lui a octroyé 14,7 millions de dollars canadiens sur quatre ans (9,5 millions d’euros). Confronté à une prégnance de plus en plus forte des contenus anglo-saxons, son pays voit Netflix occuper une place hégémonique dans la consommation vidéo des Québécois. Le géant capterait 60 % de parts de marché en prime time et 40 % de la bande passante au Canada. D’où la nécessité d’avoir une vitrine alternative « d’autant plus cruciale que les contenus francophones augmentent en ligne », selon Steven Guilbeault, ministre du Patrimoine canadien.

TV5Monde Plus s’appuie sur la volonté des États et les contenus de ses chaînes partenaires (France TV, RTBF, RTS, Radio Canada…). Elle peut puiser dans les catalogues de ces groupes à condition de disposer de droits monde pour les 194 pays où elle est diffusée (la Chine, les Pays-bas et les États-Unis suivront en 2021). On y retrouve aussi bien des fictions québécoises que des documentaires français, des séries belges, du cinéma suisse ou des dessins animés africains. Pour le continent africain, la plateforme peut d’ailleurs compter sur les 80 séries produites en Afrique, dont Wara. TV5Monde Plus fera des acquisitions (la Suisse a débloqué 300 000 euros en ce sens) mais entend aussi s’engager dans la coproduction pour disposer de ses propres contenus.

Prestataires

Lancée sans retard, la plateforme est accessible avec des sous-titres en cinq langues pour toucher les francophiles. Elle est disponible en OTT et sur les applis mobiles. Quant aux box des FAI, elles attendront 2021. L’identification n’est pas une obligation mais « les données servent à améliorer la recommandation et à mieux cibler la pub », précise Hélène Zemmour, directrice numérique, qui a fait appel à des prestataires (Redbee, Dotscreen, Thinkmarket) pour avoir des solutions technologiques à la hauteur (visionnage en rafale, reprise de lecture…). La régie est assurée par France TV Pub et, pour l’Afrique, Canal+ Advertising. TV5Monde Plus disposera de « plusieurs millions d’euros » pour réussir son marketing et sa promotion. Une campagne digitale signée Dare.win vise à la faire connaître dans le monde entier.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.