Télévision
Elle a repris les rênes de la matinale de RMC depuis la rentrée, où elle impose sa spontanéité, son professionnalisme et sa pugnacité. Portrait d'une journaliste tout-terrain.

Elle s'étonne que l'on veuille voir son bureau dans la rédaction de RMC. Elle s'y est installé fin août pour succéder au mâle alpha qui régnait sur la matinale depuis 19 ans, Jean-Jacques Bourdin. Il n'a conservé que l'interview politique de 8h30. Elle assure qu'elle est très peu devant cette table, travaillant en nomade, les yeux rivés à son smartphone et qu'il n'y a rien à voir hormis des bouquins et des bouteilles d'eau. Deux écrans s'y font face, à proximité... d'une paire de basket. Elément essentiel de sa vie de working girl 2.0, ces chaussures témoignent de son besoin d'être à l'aise, de sa réactivité et de sa nature profondément tout-terrain, au-delà de son nom à particule, de son prénom et de son physique Premier Empire.

« Déjà, ce n'est pas facile pour une fille, et qui plus est avec ce patronyme, dans ce milieu parfois méchant, souligne Ariane Massenet qui l'a accueillie comme intervieweuse politique dans la matinale de Canal+ en 2013. Elle arrive sur une antenne très masculine, en remplaçant une sacrée personnalité. Je suis contente de voir qu'elle s'en sort bien et que ses audiences progressent. C'est une bonne camarade qui sait écouter, composer, sans pour autant se laisser faire. Elle est pugnace sans être agressive, toujours sur une ligne de crête, sans jamais tomber du mauvais côté. »

Joyeux bordel

Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV abonde dans le même sens. « Elle m'a surpris car elle est loin de tous les clichés que l'on peut avoir d'elle. Elle n'est ni prévisible, ni dans la posture, mais très à l'écoute et gourmande de tous les métiers de l'info. Elle a envie d'apprendre. On peut lui parler, ce qui est rare et elle se remet toujours en question. Je lui ai confié l'interview de Luc Besson et de Didier Raoult la saison dernière car elle sait conjuguer exigence journalistique et empathie. Elle n'est pas du tout sur les freins. »

Dans les locaux de RMC, son énergie, son aisance et sa vivacité s'imposent. À 40 ans, cette mère de quatre enfants mène sa vie tambour battant, assumant le « joyeux bordel » de sa vie de mère de famille passionnée par son métier. Sur le papier, le réveil sonne entre 3h et 4h du matin. Elle lit la presse quotidienne avant de rejoindre la rédaction de RMC à 4h45, de passer au maquillage à 5h30 et de prendre l'antenne à 5h57 jusqu'à 8h30. Elle mène quatre interviews en 2h30. Après le débrief, retour à son domicile vers 10h pour deux heures de sieste puis déjeuner à 13h. « Je me recale sur des horaires normaux » dit-elle. Elle travaille sur son smartphone jusqu'à la conférence téléphonique de 19h. Couchée avant 23h, elle s'octroie quelques dîners tôt avec des proches, sans une goutte d'alcool, qui provoque chez elle un réveil moins pétillant. « Mais c'est une journée idéale et la réalité est plus vivante. C'est tout le temps le bordel et c'est la vie. Je jongle comme toutes les femmes et je suis parfois au bord de la crise de nerfs. » On sent pourtant que c'est justement ce sel de l'imprévu qui la fait vibrer.

Raconter l'histoire du monde

Cette aînée d'une fratrie de trois enfants est fille d'artistes-galeristes parisiens. « J'ai longtemps pensé aller vers un métier manuel. Dessiner et bricoler demeurent mes passions. » Mais de la lecture à 17 ans d'une série d'été d'Annick Cojean dans Le Monde sur les inconnus figurant sur les clichés les plus célèbres de la presse naît sa vocation de journaliste. « J'ai aimé la petite histoire mêlée à la grande. Ça m'a donné envie de raconter l'histoire du monde. » S'ensuivent une hypokhâgne, une khâgne et Sciences Po Paris, option Service public « parce que je voulais savoir comment fonctionne l'État ». L'été, elle fait des stages : Ouest France à 18 ans, puis Le Figaro et LCI. Elle rédige un mémoire sur « Les hommes politiques dans les émissions de divertissement de Michel Drucker, Marc-Olivier Fogiel et Thierry Ardisson ». À sa grande surprise, ce dernier l'incite à faire de la télé. Il lui propose un job de programmatrice. Elle décline, mais l'idée fait son chemin chez celle qui se vouait à la presse écrite. Sans diplôme d'une école de journalisme, elle ne parvient pas à convertir ses stages en jobs jusqu'à ce que BFM radio lui propose un CDD de programmatrice. Elle gravit les échelons dans une structure qui donne sa chance aux juniors et s'invente en permanence. Reporter, chef d'édition, elle se porte volontaire pour être correspondante à Washington pendant l'élection d'Obama avant de suivre la campagne de François Hollande de retour en France. Puis assure les postes d'intervieweuse et de femme tronc… mais les baskets sont toujours sur le bureau !

Parcours

1997. Bac arts plastiques et histoire de l'art mention bien.

2002. Stage de 6 mois à l'aide sociale à l'enfance au Conseil général de la Sarthe.

2007. Publie son DEA de Sociologie sous le titre « Politiques cherchent audimat, désespérément » chez Albin Michel et entre à BFM radio. 

2008-2011. Correspondante de BFMTV à Washington.

2013-2014. Intervieweuse politique dans la matinale de Canal+.

2014. Succède à Olivier Mazerolle dans l'émission politique du dimanche de BFMTV et devient le joker de Jean-Jacques Bourdin.

2020. Anime la matinale de RMC diffusée sur RMC Découverte.

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