Presse
Le journaliste Vincent Glad, licencié l'an dernier par Libération pour avoir fondé la Ligue du LOL, groupe Facebook dont les membres ont été accusés de cyber-harcèlement, a réclamé jeudi aux prud'hommes plus de 350 000 euros pour «licenciement nul» ou «sans cause réelle et sérieuse».

Pigiste régulier du quotidien Libération, ancien de Slate et Canal+, Vincent Glad avait été suspendu à titre conservatoire en février 2019 quelques jours après l'avalanche de révélations sur le groupe Facebook «La Ligue du LOL» qu'il a créé en 2010, avant d'être renvoyé après une enquête interne.

Le conseil des Prud'hommes de Paris examinait son cas ce 1er octobre en sa présence, deux semaines après s'être penché sur celui de son confrère Alexandre Hervaud, ancien chef du service web de Libération, également licencié pour sa participation à la Ligue du LOL et présent à ses côtés à l'audience.

Dénonçant un « licenciement marketing », son avocate Clémentine Normand Levy a rappelé qu'il ne s'agissait pas de « faire le procès de la Ligue du LOL » mais de juger les agissements d'un employeur envers son salarié. Dans « une situation précaire », Vincent Glad, qui ne souhaite pas être réintégré au journal, réclame plus de 350 000 euros au total: 150 000 euros pour « licenciement nul » ou « sans cause réelle et sérieuse », 150 000 euros de dommages et intérêt pour « exécution déloyale du contrat de travail et manquement à l'obligation de sécurité », 50 000 euros pour « licenciement vexatoire », 27 000 euros environ pour défaut d'information concernant ses garanties en santé et prévoyance etc.

Lire aussi: Le renvoi d'Alexandre Hervaud examiné aux prud'hommes

Pour son avocate, le « trouble » invoqué par le journal pour justifier son renvoi n'est pas établi. Selon elle, Libération « lui reproche d'avoir fait usage de sa liberté d'expression », d'avoir « fait partie d'un groupe » dans le cadre de sa « vie privée », a-t-elle ajouté, rappelant que Vincent Glad ne fait l'objet « d'aucune plainte ». Elle estime aussi que le journal a manqué « à ses obligations de sécurité et de loyauté » en jetant « en pâture » son pigiste, mis en cause « sans aucune précaution » dans l'un de ses propres articles « à l'origine de cette affaire », et en continuant « d'alimenter la polémique » qui lui a valu un « déluge d'insultes et menaces sur internet ».

Clémentine Normand Levy reproche en outre à Libération de ne pas avoir informé Vincent Glad, avant la presse, de son renvoi. De son côté, l'avocat de Libération, Arnaud Marguet, a fait valoir une enquête interne « équitable » et plaidé « le trouble objectif caractérisé » constitué par les « agissements » des membres de la Ligue du LOL.

Abondamment relatés dans la presse, ils ont eu selon lui des « conséquences indéniables » pour « l'image » du quotidien, sommé « d'aller dans tous les médias pour s'expliquer » et assailli de « dizaines de mails » d'abonnés offusqués. Le conseil des prud'hommes fera connaître sa décision le 17 décembre. Pour Alexandre Hervaud, la décision sera rendue le 5 novembre.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.