L'actu vue par
Stéphane Fouks est vice-président de Havas Group, auteur de « Pandémie médiatique » (Plon). Il nous donne son point de vue sur divers sujets d'actualité.

La fermeture de l'agence CLM BBDO en France.

Cela m'évoque d'abord une tristesse car c'est la fin d'un symbole. Cela met aussi le doigt sur la nécessité que notre métier a de se réinventer. Cela challenge le modèle d'agence exclusivement publicitaire. La publicité est fragile, elle n'a plus la même place dans la communication des marques et des entreprises. Et cela nous interroge sur l'évolution de nos modèles d'agence. Mais dans toute crise, il y a aussi une formidable accélération - ou aggravation diront certains - des tendances en cours.

 

La multiplication des mesures de restriction à la suite de l'augmentation des cas de Covid.

Il y a du progrès, mais il vient bien tard. On a cessé les mesures simples et infantilisantes pour distinguer des complexités et des protocoles adaptés, sans décision verticale, technocratique et administrative. Il faut cesser d’opposer santé et économie, car il n’y aura pas de reprise économique sans amélioration de la situation sanitaire. La peur n'a jamais été l'alliée de la consommation, de la croissance et du progrès.

 

L'investissement massif des quatre opérateurs français dans la 5G.

Enfin ! Il est temps que notre pays s'empare de technologies d'avenir. La 5G, ce n'est pas juste un bénéfice individuel pour le consommateur en termes de fluidité, de téléchargements et d'images, mais surtout un bénéfice collectif pour les nouveaux services qui vont pouvoir être développés, comme la voiture connectée, la télémédecine. Tout l'écosystème français de la tech et du digital l'attend avec impatience. S'il faut écouter les inquiétudes et les interrogations que la 5G suscite, et c'est important d'y répondre, il ne faut pas non plus laisser seulement les « anti » agiter des peurs. 

 

Engie accepte de céder ses parts sur Suez à Veolia - que Havas conseille - au grand dam de Bruno Le Maire, ministre de l'Économie.

Qu'on puisse avoir un conseil d'administration qui ne vote pas comme l'État premier actionnaire est peut-être tant mieux. Malgré le ministre, c'est le signal d'une modernisation de notre économie dans laquelle l'État ne dicte pas unilatéralement sa loi à tous. Il faut avoir une base large pour être un champion de l'environnement qui investit beaucoup, sachant que la moitié des technologies n'existeront pas dans vingt ans. Quant à la question de l'emploi, il y a des engagements. Et ce sont des emplois locaux : on ne fait pas venir un salarié singapourien pour traiter les déchets en France. 

 

Sofilm envisage de passer de mensuel à bimensuel et Les Inrocks de muer d'hebdo à mensuel.

Il est moins question de la périodicité des publications papier que de la pertinence du modèle digital. Aujourd'hui, un média n'est plus un média papier, il est devenu une marque plurimédia nourrissant ses contenus digitaux autant que sa présence papier. Et tous les éditeurs devraient méditer le succès estival du magazine Society. Plus qu'une affaire de vitesse ou de périodicité, le triomphe de l'enquête sur Xavier Dupont de Ligonnès montre que c'est le contenu qui prime. Plutôt qu'un mauvais papier écrit pour susciter trois retweets et cinq likes, un papier qui nécessite quatre ans de travail et n'existe nulle part ailleurs crée de l'attrait et de la préférence de marque.

 

La sortie de votre livre Pandémie Médiatique (Plon) qui pointe les insuffisances majeures de communication des politiques français lors de la crise du Covid.

J'ai fait ce livre comme un cri d'alarme. L'échec dans la gestion médiatique de la pandémie ouvre la voie à des crises profondes et dangereuses de notre société, si ceux qui nous gouvernent n'adaptent pas rapidement leur logiciel de communication au temps d'aujourd'hui. Après le fiasco des masques et celui des tests, nous en aurons forcément d'autres encore.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.