Le billet

Faisons un peu d’uchronie. Imaginons que feu Hervé Bourges est toujours président du CSA. Après avoir entendu Éric Zemmour dire en septembre que ceux qui ensauvagent sont « à 99,9% des enfants de l’immigration maghrébine et africaine », il découvre les propos du polémiste affirmant que « tous » les mineurs migrants sont « voleurs », « assassins » et « violeurs », après l'attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo. On imagine le vieux sage convoquant une conférence de presse, tonner que cela ne peut plus durer, que la fréquence sur laquelle officie Zemmour est d’abord un bien public. Circonstance aggravante, les propos ont été livrés en différé, sans que la chaîne n’intervienne. On le voit invoquer un front du refus républicain devant des dérives fascistes et souligner que CNews se doit de maîtriser son antenne, de « respecter les différentes sensibilités politiques, culturelles et religieuses », comme dit sa convention. Certes, l’instance présidée par Roch-Olivier Maistre n’est pas restée inerte : elle a saisi le procureur de la République au nom de l’article 40. Mais où sont les mots pour condamner, les déclarations publiques pour mettre la chaîne sous pression ? Ne cherchez pas. Il n’y en a pas. Tout se passe comme si l’actuel président du CSA, artisan de la loi de 1986 sur la liberté de communication, plaçait la liberté d’expression au-dessus de toute morale publique.

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