Politique
La semaine vue par Chloé Morin, experte associée à la fondation Jean-Jaurès et autrice du livre Les Inamovibles de la République (L’aube).

La décapitation de Samuel Paty, professeur d’histoire géographie

Outre l’horreur de l’acte, il est intéressant de rappeler que selon les études d’opinion, on reste à un niveau très élevé de la perception de la menace terroriste par les Français. Mais là, nous basculons dans autre chose. La colère est très grande. L’événement à l’origine de la polémique - avoir demandé aux élèves de sortir pendant un cours sur la liberté d’expression - choque énormément. L’effroi et l’indignation appellent une réponse forte du gouvernement avec le piège traditionnel de faire des grands discours lyriques sans que les actes suivent. On peut d’ailleurs s’interroger sur le fait que Gérald Darmanin ait annoncé 231 expulsions de personnes «radicalisées». Quel est l’impact de cette communication ? Cela paraît incohérent. Si cela fait des années que ces personnes sont dangereuses, pourquoi ne pas les avoir expulsées avant ? Comment se fait-il que l'on trouve 231 personnes sous le sabot d’un cheval ? Cela interroge sur la légitimité de ces expulsions.

 

La mise en place du couvre-feu et la communication du gouvernement sur la reprise de l’épidémie.

Lorsqu’on observe ce que disent les Français, on voit qu’ils ont l’impression que depuis le début de la première vague, le gouvernement coure après les événements. Il n’a pas réussi à réinitialiser les choses. Il prend des mesures plus dures au fur et à mesure, sous la contrainte, in extremis, et ça ne suffit jamais. Alors la première réaction, c’est de se dire que le couvre-feu est logique. Mais la population finit par anticiper que ce ne sera pas suffisant et s’attend à de nouveaux tours de vis. Il n’y a rien de plus insécurisant que cette méthode. Le gouvernement veut montrer son agilité et son adaptabilité. Mais ce qui fonctionne pour les entreprises ne fonctionne pas en politique. En France, nous avons une vision très absolue du politique et l’on interprète ces errements comme «ils ne savaient pas». Le problème est d’autant plus important avec la crise sanitaire, on attend du politique la solution quand elle dépend justement du collectif. In fine, toutes les décisions lui seront reprochées.

 

La Ligue de Foot dans la tourmente avec Mediapro.

On est dans un cas typique de crise de croissance dans une économie de bulle. Les droits étaient beaucoup trop élevés par rapport au nombre d’abonnés, même projetés par Mediapro. C’est étonnant que cette offre ait été jugée crédible, et contractualisée sans garantie. Ce n’est plus de l’imprévision, c’est de l’inconséquence ! La communication de ligue devient, au pire, erratique, au mieux, incompréhensible. Et une fois de plus, cela met en évidence que les pouvoirs publics restent passifs et impuissants. Roxana Maracineanu, la ministre des sports, ne dit rien de ce qui va ou peut être fait. On peut faire le parallèle avec l’affaire Suez/Veolia. L’Etat n’a aucune anticipation et son pouvoir se limite à commenter des décisions d’acteurs privés qui auront pourtant un énorme impact. Et cela arrive au moment même où se multiplie les discours sur la souveraineté de l’Etat. La réalité montre qu’il n’est souverain sur rien.

 

Le Brexit de nouveau dans l'impasse

Ce sujet illustre la puissance médiatique qui fixe l’agenda. On en parlait matin, midi et soir et aujourd’hui plus rien. Alors même que l’on évoque encore un «no deal». Dans nos analyses sur ce que la population retient des médias, pas une personne sur mille en parle. On a beau questionner les réseaux sociaux, notre perception du réel reste très indexée sur les choix éditoriaux.

 

Nicolas Sarkozy mis en examen pour «association de malfaiteurs»

Toutes ses mises en examen successives n'altèrent en rien sa popularité. Sa base de fans est indéfectible et il reste la personnalité politique la plus populaire chez les Français de droite. C'est donc vers ce socle que se tourne sa communication. Il est intéressant de noter d'ailleurs qu'il affirme qu'il ne peut rien dire sur l'affaire en cours car il est soumis au «secret de l'instruction», ce qui est faux. Il parie sur l'inculture juridique de ses électeurs. Mais il n'en est rien. J'ai vérifié : la jurisprudence est très claire. En tant que mis en examen, il n'est pas soumis à ce secret. Les policiers, les juges, les avocats tant que leur client ne leur demande pas. Mais lui, non. C'est une manière habile pour lui d'évacuer le sujet. Rien d'autre.

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