Droits TV
Le groupe sino-espagnol est entré dans une phase de « conciliation » avec la Ligue de football professionnel pour sécuriser son activité de droits sportifs et sa chaîne Téléfoot. Mais une course contre la montre est engagée.

Ne veut-il pas ou ne peut-il pas payer ? Devant une cinquantaine de journalistes, au Pavillon Dauphine, le 21 octobre, Jaume Roures, le président-fondateur de Mediapro, s’est évertué à démontrer qu’il n’était ni aux abois sur le plan financier ni en procédure de divorce avec la Ligue de football professionnel. Pour preuve, le Catalan affichait une décontraction de façade en annonçant être entré dans une procédure de « conciliation » qui lui offre un répit de trois ou quatre mois avec la Ligue. Et côté finances, il a rappelé qu’il avait l’appui de son actionnaire majoritaire, Orient Hontai Capital, comme des autres (WPP à 22% notamment) et que son groupe employait 7000 personnes dans plus de 36 pays pour près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. « On est suffisamment important pour avoir tout ce type de forces derrière. Nos actionnaires chinois, anglais, catalans sont là pour soutenir Mediapro. On a des actifs qu’on peut rendre liquides. On n'est pas quatre mecs dans une chambre… »

Stades vides

Pour le groupe sino-espagnol, l’argument est donc simple. Comme les clubs, les joueurs ou les chaînes, son groupe pâtit de la crise du Covid, avec des stades vides et des journées de championnat déplacées pour cause de contaminations. La Ligue doit donc en tenir compte pour renégocier à la baisse ou tout au moins concéder un étalement des paiements sur la première année du contrat 2020-2024, durement compromise par l’épidémie. D’ailleurs, Canal+ et Bein Sports n’ont-ils pas exigé la même chose, lors du confinement, à propos de l’ancien contrat ? Pas question, pour autant, de laisser penser que le détenteur de droits TV se prépare à jeter l’éponge ou à passer le flambeau. « On cherche une solution raisonnable pour tous, on va respecter les accords auxquels on arrive », dit-il, se disant « optimiste » sur l’issue de la conciliation. Quid d’une trésorerie à sec, estimée à 113 millions d’euros, selon l’agence de notation Moody’s, laquelle vient encore de descendre d’un cran Mediapro, à quatre niveaux du défaut de paiement ? Jaume Roures reste flou mais déclare qu’il négocie des prêts avec Bercy et des fonds d’investissement... Il assure aussi qu’il respectera le contrat avec la LFP. Et, même s’il est encore loin de l'objectif de 3 millions de clients, affiche 600 000 abonnés à Téléfoot, notamment grâce à son offre bundle avec Netflix, une solution qu’il compte proposer prochainement aux abonnés de Free et de Bouygues Telecom.

Clubs sous pression

Reste que Mediapro n’a pas honoré une première échéance de 172 millions d’euros qu’il devait à la Ligue pour les droits de la L1 et L2, et considère qu’il n’y a « pas d’échéance de décembre », en raison de la conciliation engagée. Cette approche volontaire ou subie – alors qu’il lui faut sortir 800 millions d’euros - met les clubs sous pression, même si la LFP a négocié un prêt de 120 millions d’euros. Elle comporte l’inconvénient de ne pouvoir entraîner de solution alternative avant mars ou avril, en cas de défaillance. Canal+, qui n’a toujours pas signé d’accord de distribution avec Mediapro, attend sans doute pour voir si le fruit n’est pas plus mûr... quand l’arbre tombe avec lui.

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