Radio
À partir du 14 décembre, la radio du service public va enrichir son offre d’actualités en langues mandingues, en peul et en haoussa, des langues parlées sur le continent par près de 130 millions d’individus.

Pour creuser son sillon sur le continent africain, RFI a développé depuis 2007 une stratégie éditoriale plurilingue. D’abord dans des zones anglophones avec des programmes en haoussa depuis le Nigeria, puis des contenus en kiswahili depuis la Tanzanie et prochainement depuis le Kenya. Enfin, dans des zones plutôt francophones avec des programmes en mandingue (langue régionale parlée ou comprise par près de 45 millions de personnes en Afrique de l’Ouest), depuis cinq ans.

Après un lancement depuis son siège, à Issy-les-Moulineaux, la rédaction s’est implantée à Dakar. Là, la radio a également investi le peul (près de 50 millions locuteurs) à travers une émission magazine du week-end. À partir du 14 décembre, les programmes en mandingue et en peul seront diffusés 7 jours sur 7 sur quatre tronçons d’une demi-heure (au lieu de deux, 5 jours sur 7, et uniquement en mandingue), sans oublier le magazine du week-end dans les deux langues. Un nouveau magazine vient également étoffer l’offre éditoriale en haoussa. Les quatre programmes sont diffusés quotidiennement en partie en FM avec l’antenne en français sur les zones linguistiques ciblées, mais aussi en ondes courtes, sur le numérique et via 250 radios partenaires.

Synergies avec RFI en français

Sur les 46,5 millions d’auditeurs par semaine de RFI au niveau mondial, 9,2 millions parlent les quatre langues africaines. Sur le continent, la station fait face à la concurrence d’autres radios internationales qui émettent elles aussi en plusieurs langues africaines, dont Voice of America ou la BBC. RFI figure dans le top 3 des stations internationales les plus écoutées dans sept pays étudiés(1). « C’est le produit qui fait la qualité du plat. Depuis une quarantaine d’années, les auditeurs de RFI portent du crédit à notre information. Si on est arrivé à le faire en français, on pouvait très bien le décliner dans les langues locales. Aujourd’hui, on estime qu’on a compris le mandingue et le peul, mais une radio ayant une diffusion internationale doit viser un plus gros bassin d’auditeurs », estime Frédéric Garat, coordinateur des rédactions dans ces deux langues. 

Ce développement se fait-il au détriment de la francophonie ? « Les langues ne s’opposent pas, elles se nourrissent et se renforcent, et la francophonie est une passerelle dans cet univers linguistique », répond Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde. Pour preuve, l'arrivée du mandingue sur l’émetteur FM de Bamako a généré une augmentation de l’écoute sur la tranche d’information en français qui suit à 12h30. Et les programmes en haoussa qui ont connu un record d’audience hebdomadaire (43%, +11 points par rapport à 2015(2)), ont également permis à RFI en français de toucher une audience plus jeune (15-25 ans) et plus féminine. Derrière la stratégie éditoriale du média qui s’inscrit dans le projet Afri’Kibaaru (monté par France Médias Monde et CFI, et financé par l’Agence française de développement), l’enjeu est aussi géopolitique. « Une information indépendante et vérifiée est aussi un facteur de développement et de paix », conclut la PDG. 

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.