L’Afrique occupe 2 à 5 % des JT français contre 12 % en 2011 selon une étude Ina.
Il est vrai qu’en France, l'Afrique n’est souvent traitée que sous l’angle géostratégique, ou lorsqu’elle interfère avec l’actualité française. En général, l’actualité internationale n’est pas l’enfant gâtée de l’info. Mais je vois de bons signaux de la part de Franceinfo par exemple, avec une nuit spéciale sur les élections américaines. À l’heure de la mondialisation, ne pas traiter l’actualité internationale est une erreur.
Les manifestations contre la France dans les pays musulmans.
C’est un sujet à surveiller. Il est vrai que les grandes manifestations touchent surtout la péninsule arabique mais il y en a eu en Afrique, au Mali notamment. Pays où la religion est instrumentalisée par des groupes politiques ou armés, notamment au Sahel. Des dizaines d’enseignants ont été assassinés ou décapités dans cette région, pas pour une question de caricatures et de liberté d’expression, mais juste parce que les professeurs possèdent un savoir, luttent contre l’illettrisme et amènent leurs élèves à penser par eux-mêmes. Pour ceux qui combattent pour un islam politique et qui souhaitent imposer une seule vision du monde, ces enseignants sont de farouches ennemis. Nous sommes loin de la question des caricatures de Charlie.
Les proches des journalistes de RFI tués au Mali « sidérés par le quasi désert informationnel » sur la situation.
Avant tout chose, il faut dire que lorsque l’on a perdu des proches assassinés, il est insupportable de ne pas savoir qui sont les meurtriers. Il est totalement compréhensible d’entendre que des proches demandent que toute la lumière soit faite. Mais vous savez, le Sahel est devenu un territoire très difficile à couvrir, une zone obscure pour nous, journalistes, où malgré des travaux d’investigation journalistique remarquables, nous sommes parfois incapables de savoir ce qu’il s'y passe. Alors je n'ai pas toutes les informations sur ce dossier, notamment celles données aux familles par les autorités, mais faire son travail de journaliste au Sahel est particulièrement dangereux et difficile.
L’ONU qui anticipe une baisse de de la croissance en Afrique à 1,8 % en 2020 contre 3,2 % prévu.
Si l’Afrique n’a pas subi de choc sanitaire, il y a bien un choc économique. Mais là encore on peut noter la résilience du continent. Alors que nos économies sont en récession, l’Afrique reste en croissance, certes, plus faible que prévu, mais l'activité n'a jamais vraiment cessé dans de nombreux pays. Les populations y attendent moins d'un État providence et se débrouillent pour faire face au quotidien. Mais les pays les plus démunis ont besoin de la communauté internationale. On peut noter l’initiative du président sénégalais, Macky Sall, qui demandait une annulation de la dette des pays les plus pauvres, demande relayée par la présidence française. Un moratoire sur la dette a finalement été décidé. La Chine freine des quatre fers – elle détient 40 % des créances africaines – mais des discussions restent en cours pour une annulation...
Les élections sous haute tension en côte d’Ivoire.
Je voulais souligner à l’occasion de ces élections notre formidable couverture, avec une interview exclusive de Laurent Gbagbo [ancien président de la Côte d’Ivoire] par notre journaliste Denise Epoté. ll n’avait pas parlé aux médias depuis neuf ans. De telles interviews sont extrêmement dures à décrocher. Et s’il nous a choisis, c'est parce que nous sommes une chaîne d’information historique sur le continent africain, avec un bassin d’audience important. Son entretien est un succès pour la chaîne, surtout en termes de visibilité, avec 1,3 million de vues sur Facebook et 500 000 vues sur YouTube. La situation dans le pays est ce qu’elle est, avec des violences en amont, mais notre rôle est d’informer et de faire parler tout le monde.
