Audiovisuel
En annonçant des accords de distribution avec 25 opérateurs télécom dans le monde, le producteur de séries destinées aux jeunes adultes veut augmenter sa force de frappe sur le marché de la SVOD. Et regarde vers l'AVOD.

Les jeunes adultes trouvent-ils vraiment leur bonheur sur Netflix ? C’est pour répondre à cette demande que Blackpills, le service de SVOD détenu à 50 % par Xavier Niel et à 50 % par ses deux fondateurs, Patrick Holzman (cofondateur d’Allociné) et Daniel Marhely (celui de Deezer), s’est lancé en 2017, avec un positionnement bien spécifique : proposer aux 15-24 ans des séries courtes sur des sujets qui les intéressent vraiment, pour une lecture sur mobile, moyennant quelques euros par mois. Mi-octobre, la start-up a annoncé des accords de distribution avec 25 opérateurs télécom dans vingt pays. « Avec notre propre application, nous avons été capables d’attirer 4 millions d’utilisateurs. Ces accords vont nous permettre de toucher 300 millions de personnes », explique Patrick Holzman.

Sujets de conversation

En France, Blackpills est déjà inclus dans le bouquet Pickle TV d’Orange, destiné aux jeunes adultes. D’ici à la fin de l’année, le service sera également proposé sur ce modèle de bundle chez SFR ainsi qu’à l’unité aux abonnés Bouygues Telecom, Free et Molotov, moyennant 2,99 euros par mois. À l’étranger, Blackpills enrichira l’offre d’opérateurs comme Telefonica (Espagne), Vodafone (Royaume-Uni) ou encore Optimum (Etats-Unis) au premier trimestre 2021. « Nous sommes obsédés par les sujets de conversation qui animent notre audience, quel que soit son pays d’origine », insiste Patrick Holzman. Parmi les sujets traités, le fanatisme, les questions d’identité sexuelle ou toute forme d’addiction.

D’autres acteurs se sont déjà cassé les dents sur ce marché de la vidéo courte par abonnement. Vivendi a arrêté Studio+ mi-2018 tandis que la plateforme américaine Quibi a jeté l’éponge le mois dernier, après seulement six mois d’existence. Mais pas de quoi décourager Blackpills. « Nous, nous avons adopté une stratégie de marque plus que de format. Nous sommes aussi mobile first et non mobile only, et notre audience est bien identifiée, avec des programmes qui lui parlent », assure le dirigeant.

Une quinzaine de projets en développement

En parallèle, Blackpills a développé une activité de studio, pilotée depuis Los Angeles, Paris et Tel Aviv, avec la production de séries et de films pour des acteurs du streaming comme Netflix. C’est le cas par exemple de la série Bonding, dont une deuxième saison est en cours de production. Une quinzaine de projets sont aussi en développement. Au total, Blackpills devrait réaliser en 2020 un chiffre d’affaires compris entre 6 et 6,5 millions d’euros, à égalité entre l’activité studio et le service SVOD.

Des discussions sont aussi en cours avec des acteurs de l’AVOD, ces plateformes de vidéos à la demande financées par la publicité, comme Molotov ou Pluto TV, du groupe ViacomCBS. « Ce ne sera pas nécessairement la même offre. Nous devons créer de la valeur dans les deux mondes », souligne Patrick Holzman. Également en projet, le développement de Blackpills en Asie, en Afrique et dans les pays arabes. Quid du financement ? « Nous n’avons pas un besoin urgent de lever des fonds. La société s’auto-finance sur la partie streaming », estime le cofondateur, qui n’exclut pas à moyen terme des prises de participation. L’avenir de Blackpills est ouvert.

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