Télévision
Après l'arrêt prématuré de la saison 2019-2020 et des événements sportifs lié à la pandémie, les diffuseurs des droits sportifs avaient déjà dû suspendre leurs paiements ou différer leurs versements des droits TV.

Calendriers bousculés, stades vides, spectacle moins attrayant... Dans ce contexte de crise sanitaire, Mediapro a demandé à la Ligue professionnelle de football de renégocier le prix des droits TV du championnat français. Le propriétaire de la chaîne Téléfoot (détenteur de 80 % des matchs de Ligue 1 et Ligue 2 de 2020 à 2024) a engagé une procédure de conciliation avec la Ligue. Contactée par Stratégies, cette dernière n’a pas souhaité s’exprimer sur l’évolution de ses discussions avec Mediapro.

Réorganisations

En parallèle, des chaînes sportives se serrent la ceinture. Selon Le Monde, Eurosport prévoirait une baisse de 10% des effectifs comprenant Eurosport France, Eurosport International et Discovery France. Eurosport confirme que la direction est en discussion sur un plan social, sans évoquer de détails. En juin dernier, BeIn Sports France a annoncé un projet de réorganisation conduisant à la suppression d'une vingtaine de postes. De son côté, NextRadioTV (maison-mère de BFMTV et RMC) a préparé mi-mai un plan social visant à réduire la voilure dans le sport et le divertissement, après la perte de la Ligue des champions entre 2021 et 2024, au profit de Canal+ et BeIn. Sa chaîne, RMC Sport News, a déjà été fermée en juin. En attendant l'issue de la conciliation sur la L1 et alors que les regards se tournent vers Canal+ et les Gafa, la crise imposerait-elle, à terme, un nouveau modèle économique pour les chaînes sportives ? L'éclairage de deux experts.

« Une répartition des lots moins morcelée »

Vincent Chaudel, fondateur de l’Observatoire du Sport Business

« Je crois plutôt à une recomposition du paysage médiatique. Mais pour que les chaînes renforcent leur modèle économique à l’équilibre, les ayants droit doivent abandonner cette stratégie de diffuseur principal, comme on l'a vu avec Mediapro. La valeur des droits TV de la Ligue 1 avait pour la première fois en France franchi la barre du milliard d’euros. Si la Ligue ne trouve pas d’accord et lance un nouvel appel d’offres, aucun autre diffuseur ne serait en mesure seul de proposer une telle somme. Et une chute des droits audiovisuels représenterait un risque pour les clubs professionnels, mais aussi pour le portefeuille d’abonnés des chaînes. Le téléspectateur paie pour avoir un produit attractif et de qualité. La répartition des lots pourrait donc être moins morcelée, autour d’un ou deux acteurs. »

 

« La crise imposerait plutôt un nouveau modèle aux ayants droit »

Aurélien Sadrin, analyste de News Tank Football et Sport

« La distribution des sports peu médiatisés peut s’inscrire rapidement dans un modèle de partage des revenus entre les ayants droit et des diffuseurs ou agrégateurs de contenus. Mais pour le football, ce modèle supposerait une baisse des droits télé à court terme. Par ailleurs, la baisse des revenus publicitaires (évaluée à 20 % en 2020 selon le dernier Bump) aura forcément un impact sur le marché des droits TV sportifs pour les chaînes gratuites à court voire à moyen ou long terme. Actuellement, les ayants droit ne se précipitent pas pour lancer leurs appels d’offres à l’image de World Rugby qui avait prévu de lancer cet automne son appel d’offres en France pour la Coupe du monde 2023. Plus qu’aux diffuseurs, la crise pourrait plutôt imposer à terme un nouveau modèle aux ayants droit. »

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