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La disparition de l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing, décédé à 94 ans des suites du coronavirus, est unanimement évoquée par la presse, tous bords confondus.

«Au revoir»: les photos de Valéry Giscard d'Estaing barrent ce jeudi 3 décembre les Unes des journaux, qui saluent le «destin» français et européen de l'ancien président, dépeint comme un réformateur à la fois moderne et conservateur, parfois incompris. Si les images de ses adieux télévisés «font aujourd'hui sourire», elles «symbolisent si bien la faille giscardienne: cette incompréhension qui finalement définit le mieux le rapport qu'il a entretenu avec les Français», juge Paul Quinio dans Libération. «Au regard de certains de ses successeurs, son bilan ne manque pas d'allure. L'histoire n'a pas encore rendu justice à ce président incompris», commente Jean-Michel Salvator dans Le Parisien. «Un peu oublié» des Français, VGE, qui a certes quitté le pouvoir «il y a presque quarante ans», aura été «l'artisan d'une modernisation du pays dont il ne sera jamais crédité», estime-t-il.

Pour Didier Rose, des Dernières Nouvelles d'Alsace, le «Kennedy français» a également été «le produit d'une France élitiste et d'héritage. Et en même temps (...) d'une modernité à donner le tournis au pays». Mais le plus jeune président de son temps, qui a «réécrit l'histoire sociale de la France, quand bien même cela lui a été néfaste», avait «deux versants», insiste-t-il. «L'ancien et le moderne, une fascination des sommets et une attention au quotidien le plus modeste, dans la cordialité ou parfois dans la rancœur, avaient un point de jonction: l'Etat, qu'il a servi avec style. Dans une Europe qu'il a rêvée», illustre-t-il.

Un septennat et puis s’en va

«1926-2020: Valery Giscard d'Estaing l'Européen», titre d'ailleurs Le Figaro en Une. «Cette belle conviction européenne, portée haut jusqu'au bout de sa vie politique», est aussi saluée par Paul Quinio, comme «toutes ces réformes sociétales qu'il a rapidement mises en œuvre après son élection». Mais il «n'aura pas tenu la distance de son propre septennat, relégué par le Giscard conservateur, le vrai, plus sincère en tout cas», pense l'éditorialiste de Libération qui, sur le site internet du journal, titre «Un septennat et au revoir». «Ce Giscard-là, pétri de certitudes économiques libérales, a été englouti par la vague du chômage de masse consécutive au premier choc pétrolier. Emporté, balayé, au point de laisser la place libre en 1981... à la gauche!», note-t-il.

Pour Paul Quinio, c'est là le véritable héritage de Giscard: «avoir été le président qui aura permis l'alternance». «Aujourd'hui entrée dans les mœurs, elle fut, en 1981, un événement historique», rappelle-t-il. Pour Yann Marec, du Midi Libre, Valery Giscard d'Estaing «est l'homme d'une forme de réindustrialisation de la France avec malheureusement un premier choc pétrolier, puis un second». Et de conclure: «À 94 ans, cette figure de Chamalières s'est éteinte comme les volcans qu'il chérissait tant».

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