Télévision
Les saisons des Ligues 1 et 2 pour 2020-2024 devaient rapporter 1,153 milliard d’euros par an. Après la défaillance de Mediapro, la consultation pour les droits vacants promet d’être beaucoup moins fructueuse.

C’est le 1er février que l’on devrait savoir si la Ligue de football professionnel a pu sauver l’essentiel après sa « consultation de marché » lancée sur les droits TV vacants de la Ligue 1. Les matchs du défaillant Mediapro, qui représentent 80 % des matchs de la L1, ne rapporteront sans doute pas les 810 millions d’euros qu’ils avaient générés, même si la Ligue a pris soin d’en faire quatre lots de rencontres ou de magazines. Tout dépend désormais des postulants, à commencer par Canal+ qui pourrait y voir l’occasion de retrouver sa position dans le foot. Mais l’équation de 2021 n’est plus celle de 2018. « Le football devient un mode de consommation événementiel, en snacking, et non plus régulier, et Canal a fait évoluer son modèle », observe Arnaud Simon, ancien DG d’Eurosport, président d’In & Out Stories.

Regards vers Amazon

Canal+ conteste les termes de l’appel d’offres, faute d’avoir obtenu la remise en jeu du lot 3, que BeIn lui sous-licencie pour 330 millions d’euros. Mais le président de BeIn, Nasser al-Khelaïfi, également PDG du PSG, ne peut se permettre de suivre Canal dans sa demande d’appel d’offres global pour ne pas trop fragiliser la Ligue. Reste à savoir si Vincent Bolloré est prêt à sauver le foot français en y mettant le prix. Rien n’est moins sûr, sauf s’il obtient des garanties sur une baisse de la TVA pour Canal+. Les regards se tournent aussi vers Amazon qui s’est offert 20 matchs de Premier League. « Elle a un coup à faire sur le lot A, estime Vincent Chaudel, président de l’Observatoire du sport business. Et DAZN pourrait compléter son portefeuille de droits… »

Arnaud Simon, président d’In & Out Stories

« Tous les clubs vont être touchés »

« Je le crains. La perte pourrait être de 500 millions d’euros par saison. Tous les clubs vont être touchés, et cela impactera la capacité à recruter de bons joueurs. La Premier League et la Bundesliga ont eu 4 à 5 % de moins lors de leurs appels d’offres. Amazon et DAZN pourraient limiter la casse, en apportant entre 100 et 200 millions. Reste Canal+ qui veut rendre le lot 3 qu’elle paye en sous-licence de BeIn pour 330 millions. La Ligue s’y refuse. C’est donc une plateforme digitale et agrégatrice qui peut trouver qu’elle a surpayé son lot. Les nouveaux entrants sont d’ailleurs prudents face à une consultation qui peut être contestée juridiquement. Mais même si le foot a perdu de son impact, c’est un produit important à payer au bon prix. »

 

Vincent Chaudel, président de l’Observatoire du sport business

  « Le temps béni de l'exclusivité est fini »

« Tout laisse à penser que les offres vont être tirées vers le bas. Mais acheter trop bas les droits domestiques, c’est prendre le risque d’un cercle vicieux, avec moins de bons joueurs, donc un moins bon spectacle et moins d’abonnés. Si Canal paye moins cher, cela restera trop cher si c’est un produit amoindri. Elle a donc intérêt à ne pas être seule à payer, sachant que le temps béni de l’exclusivité est fini et que Canal et BeIn ne s’entendent pas mal. Si 1,150 milliard sur quatre ans sont remplacés par 500 à 700 millions, c’est la catastrophe. Il y a un risque d’effondrement avec les salaires, les contrats signés et les recettes de billetterie absentes. Il y a une nécessité à ne pas payer trop peu. Canal pourrait renégocier avec Bein et avoir le dimanche soir. »

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