Audiovisuel
Ces dernières années, l’offre de programmes disponibles en audiodescription s’est largement développée à destination des personnes déficientes visuelles. Pour autant, son accessibilité pose encore problème.

« Ce programme vous est proposé en audiodescription. » Combien de fois cette phrase a-t-elle été entendue par les téléspectateurs avant le début d’un programme sans qu’ils sachent vraiment à quoi elle renvoyait ? Destinée aux personnes aveugles et malvoyantes (1,2 million de personnes en France), cette technique de description des éléments visuels d’une œuvre, qui s’intercale dans les silences, s’est développée en France depuis que la loi audiovisuelle du 5 mars 2009 l’a rendue obligatoire pour les chaînes dont l’audience dépasse 2,5 %. Et selon le dernier bilan du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur l’accessibilité des programmes TV aux personnes handicapées, la plupart des chaînes remplissent largement leurs obligations.

« Forme de discrimination »

En 2019, France Télévisions a diffusé 2 074 programmes audiodécrits, deux fois plus que ce qui est fixé dans son contrat d’objectifs et de moyens. Dans leur convention, TF1, M6 et Canal+ doivent en diffuser 100 par an, ils en proposent presque trois fois plus (268 pour TF1, 387 pour M6 et 269 pour Canal+). Et ces chiffres sont en augmentation : +15 % pour France Télévisions en un an, +37 % pour TF1. Seule M6 a réduit son offre (-43 %).

« Du point de vue d’un déficient visuel, tant que 100 % des programmes ne seront pas audiodescrits, il y aura une forme de discrimination. Mais ça a beaucoup progressé : chaque soir, une ou plusieurs chaînes proposent une audiodescription », explique Patrick Saonit, chef de projet Audiovision au sein de l’Association Valentin Haüy, qui a produit jusqu’en 2018 de nombreuses audiodescriptions pour la télévision et le cinéma.

Spectre varié

À France Télévisions, le spectre des programmes audiodécrits est très varié : cinéma, fiction, documentaires, dessins animés... « Tous les programmes n’ont pas vocation à l’être car les malvoyants ont des oreilles », s’amuse Jean-Louis Navarro, directeur de la production, de l’habillage et de l’accessibilité des antennes. « Dans le domaine du spectacle vivant, les pièces de théâtre de boulevard sont compliquées à audiodécrire car ça parle tout le temps. En revanche, la danse et la magie ne fonctionnent qu’avec une audiodescription », illustre-t-il.

L’information et les émissions de flux ne sont pas non plus propices à des audiodescriptions, pour des questions de délais principalement. « Pour une fiction compliquée ou un opéra, une heure de programme audiodécrit demande trois ou quatre semaines de travail minimum », avance Jean-Louis Navarro. En revanche, TF1 propose l'audiodescription pour le match France-Ukraine le 24 mars, une première pour une rencontre de l'équipe de France de football.

Autre enjeu, celui de l’accessibilité, notamment sur les plateformes de replay. « Pour les déficients visuels, c’est encore compliqué de trouver les programmes audiodécrits », rappelle Patrick Saonit. Pour tenter d’y remédier, France Télévisions a lancé début 2019 une application vocale sur les enceintes connectées et les smartphones pour écouter la chaîne voulue, avec l’audiodescription lorsque celle-ci est disponible, ou accéder au guide des programmes. La voie de l’audiodescription passera par la voix.

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