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Mathieu Gallet, CEO et fondateur de l'application de podcasts Majelan, commente l'actualité.

La Cnil qui se penche sur Clubhouse et son utilisation des données personnelles.

Clubhouse affole les médias mais aussi les utilisateurs depuis quelques semaines en France. Pour ma part, je suis ce réseau social depuis sa création en 2020, car j’attendais depuis un moment déjà l’émergence d’une plateforme sociale basée sur la voix. J’y ai d’ailleurs consacré un chapitre de mon essai, Le nouveau pouvoir de la voix, paru en juin 2020 aux éditions Débats Publics. Je crois que la voix recèle de possibilités multiples encore peu exploitées. Notamment parce qu’elle permet de communiquer vite et avec peu de moyens, qu’elle donne à entendre toutes les nuances de notre expression, qu’elle porte nos messages avec sensibilité et authenticité. Pour autant, les fonctionnalités de Clubhouse sont encore limitées, le design n’est pas optimal et des bugs persistent. Aussi, des doutes concernant la confidentialité se posent, et la récente saisine de la Cnil en France est bienvenue quand je vois comment l’appli a « aspiré » mon carnet d’adresses… Mais quoi qu’il en soit, le phénomène est là : avoir réussi à faire venir et revenir des centaines de milliers d’utilisateurs chaque jour sur une plateforme d’à peine un an, cela démontre la pertinence de baser un réseau social sur la voix.

 

Le mouvement pour « rouvrir la culture » qui prend de l’ampleur.

La période pendant laquelle les lieux culturels ont été rouverts (entre juin et octobre 2020) a été trop courte - et surtout brutalement interrompue - pour que les acteurs des différents secteurs puissent s’organiser pour tenir de longs mois encore… La succession de confinements pèse sur le moral de celles et ceux qui vivent de leur art (et plus globalement des activités culturelles) mais aussi de leurs publics. Après une « année blanche » qui va durer jusqu’au 31 août 2021, la question bien légitime de la prolongation de cette mesure se pose tant la situation des lieux de spectacle reste incertaine. C’est ce manque de visibilité qui provoque les tensions qui se manifestent depuis quelques semaines. Même si la France accompagne ses artistes et autres acteurs du champ culturel comme aucun autre pays au monde.



Le gouvernement face au reconfinement d'une partie du territoire et la mise en place des vaccins.

Tout d’abord, le niveau des intervenants pour les récentes annonces présente des incohérences : comment comprendre qu’il échoit au président de la République l’annonce d’une suspension du vaccin AstraZeneca lundi 15 mars alors même que le Premier ministre avait répété lors d’un live sur Twitch la veille que ce vaccin était tout à fait performant et sans danger ? Ce coup de volant à 180 degrés ne pouvait que créer la confusion et le doute dans l’esprit des Français dont on savait déjà qu’ils comptaient parmi les plus sceptiques au monde face à la vaccination. Ensuite, le Premier ministre est venu parler aux Français lors d’une conférence de presse, jeudi 18 mars, pour annoncer de nouvelles mesures de restriction des libertés destinées à tenter de freiner la diffusion du virus. Cet exercice devient un rituel où tout le monde se perd : en amont, les journalistes qui tentent d’annoncer ce qu’ils ne connaissent pas, en aval, l’ensemble de la population qui se sent baladé. La lisibilité des annonces et des mesures est perdue et le sentiment de navigation à vue prend de l’ampleur.



Vivendi, TF1, Xavier Niel, Altice et Daniel Kretinsky qui déposent leur offre pour le rachat de la chaîne M6.

L’information principale à retenir du désengagement du géant allemand Bertelsmann, qui détient aujourd’hui plus de 48 % du capital du groupe M6, est que la France ne représente plus un territoire stratégique pour ses activités médias. Après la vente de Prisma à Vivendi fin 2020, Bertelsmann envoie le message qu’il ne croit plus dans le potentiel de croissance des médias financés par la publicité en France. Il se replie sur son marché historique et sur les États-Unis où il a renforcé récemment sa position dans l’édition avec le rachat de Simon & Schuster pour plus de 2 milliards de dollars. D’un côté, le poids des Gafa n’a cessé de se renforcer au fur et à mesure que le numérique captait la croissance du marché publicitaire (plus de la moitié des recettes en France en 2020). De l’autre, les investissements que les plateformes comme Netflix réalisent dans la production, pour attirer les plus grands talents, rendent nécessaire la course à la taille critique pour rester dans une compétition où le contenu est roi. Nous avons besoin de champions européens pour relever ce défi qui est à la fois industriel et culturel. C’est dans cette perspective que les autorités de régulation (CSA, Autorité de la concurrence, Commission européenne) devraient apprécier le rapprochement du groupe M6 avec l’une de nos entreprises médias leader sur le Vieux Continent.



Uber qui reconnaît à ses chauffeurs britanniques un statut de travailleur salarié.

Ce changement de statut montre à quel point la révolution qu’a représentée l’uberisation du travail est rattrapée par le droit. Uber fait partie des grands gagnants du confinement qui a accéléré le développement de son activité de livraison de repas. J’avoue avoir été saisi par la situation de certains livreurs cet hiver à Paris. Avec le couvre-feu, cette tendance s’est accélérée. Le Monde rappelait dans un récent article que sur le continent, il y a désormais 3 millions de personnes dont le travail pour une plateforme est la principale activité (1,4 % de la population active), 9 millions qui l’utilisent comme une source de revenus secondaire (4,1 %), et 12 millions comme une source marginale. J’espère que la décision britannique va inspirer le législateur français pour donner à ces travailleurs un statut permettant à la fois de préserver la souplesse inhérente au succès des plateformes de livraison ou de transport, tout en garantissant des droits à ceux qui vivent partiellement ou majoritairement de ces services qui se sont imposés dans nos modes de vie. 



Le PDG de Danone, Emmanuel Faber, définitivement évincé.

On se souvient tous de l’effet provoqué par son discours lors de la remise des diplômes à HEC en 2016. De ce jour, il est devenu le symbole d’un nouveau type de dirigeant d’entreprise, soucieux d’éthique, de responsabilité sociale (Danone deviendra la première société à mission du CAC 40) comme personnelle (il renonce à ses indemnités de départ et à sa retraite-chapeau). Il détonne parmi les grands patrons et forcément ne se fait pas que des alliés parmi ses pairs qui se sentent, en creux, caricaturés en « fat cat » comme on dénonce en anglais les patrons voraces qui pensent d’abord à leurs rémunérations avant de se soucier de l’intérêt social de l’entreprise qu’ils dirigent. Son cas me conforte dans le sentiment qu’il est difficile et parfois dangereux de voir un manager, même le plus talentueux, incarner à ce point son entreprise. Car un dirigeant ne bénéficie pas du statut de fondateur-actionnaire d’un Steve Jobs, d’un Bill Gates ou d’un Jeff Bezos, ces entrepreneurs qui « sont » leur entreprise.

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