Radio
En 1981, les radios libres fleurissent. La première antenne dédiée à la musique émet d'un studio des Buttes-Chaumont. Elle s'appelle NRJ.

C’est l’histoire d’une réussite flamboyante après des débuts modestes. Tout commence en juin 1981. François Mitterrand veut moderniser l’offre culturelle. Et c’est du côté des radios libres que la créativité s’exprime. Sous la présidence de Valery Giscard d’Estaing, leurs ondes étaient brouillées et leurs créateurs ou responsables facilement inculpés. La gauche est encline à les libéraliser, mais redoute l’émergence de canaux d’influence politiques de la droite destituée (Radio Courtoisie ou Radio Solidarité).

Antenne musicale

Fils d'un chimiste qui inventa le rouge à lèvre indélébile Rouge Baiser, créateur de Élysée 12-12, Jean-Paul Baudecroux lance la première antenne musicale. « J'écoutais Europe 1, adolescent et je trouvais qu'il n'y avait pas assez de place pour la musique. J'ai eu l'idée de cette radio musicale et je suis ensuite parti aux États-Unis, où cela existait déjà, pour valider ce concept », confie à Stratégies le fondateur et actuel président du groupe NRJ (NRJ, Rire et Chansons, Nostalgie, Chérie FM et les chaînes de télé NRJ 12, Chérie 25 et NRJ Hits). « Je cherchais un lieu pour émettre. Ma mère et ma soeur ont visité un studio de 25 m2 aux Buttes-Chaumont, dans la bien-nommée rue du télégraphe car c'était un excellent site de transmission. Elles ont fait croire au propriétaire qu'elles cherchaient un lieu calme pour que j'écrive des livres, avec une belle vue sur Paris ».

Radio des jeunes

La Nouvelle Radio des Jeunes a trois qualités majeures qui vont assurer sa réussite. La puissance d'émission tout d’abord, qui lui permet d'être audible de tout Paris et sa banlieue et d'émerger face aux concurrents. « L'émetteur était dans la baignoire et il dégageait un tel champ magnétique qu'il brouillait la télé des voisins, la tête de lecture de leur tourne-disque, qui faisait récepteur et même le four de certains, voire les plombages dans leur bouche, sourit Jean-Paul Baudecroux. Cela a été une époque héroïque pleine d'aventures ». 

Ensuite, la pertinence des choix musicaux. Jean-Pierre D’Amico, Jacky Gallois puis Thierry Dupin ont un flair inouï pour dégoter les titres qui attirent et fidélisent une audience grandissante. Les animateurs, tous bénévoles, se succèdent à l'antenne et ceux qui assurent la soirée et la nuit ont des matelas en mousse rangés dans un placard. Ce positionnement musical, inédit et fédérateur, la distingue de ses rivales.

Elle ne fait pas de politique comme les « périphériques ». Mais pour le PS, c'est la radio des jeunes. « Laurent Fabius, Jack Lang, Bertrand Delanoë ont joué un rôle dans l’émancipation des radios libres et NRJ en a été le porte-drapeau », reconnaît Benoist Simmat coauteur avec Aymeric Mantoux de NRJ, l’empire des ondes (Fayard, 2008). « La légende veut que des motards soient quelques fois partis du ministère des droits de la femme pour apporter des billets de banque aux modestes équipes de NRJ », confie le journaliste. « On disait aussi que les maisons de disques glissaient des billets de 50 francs dans les pochettes de disques, pour inciter les programmateurs à diffuser leurs poulains ». Des pratiques qui ont cessé avec l'autorisation de la publicité sur la FM en 1984. Le business model était trouvé. Hit music only!





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