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Le groupe TF1 est en pole position dans la liste des candidats au rachat du groupe M6. Il pourrait profiter d’une nouvelle appréciation du marché publicitaire.

Le patron de Bertelsmann, Thomas Rabe, ne s’en cache pas : pour M6, « une fusion avec TF1 s'inscrirait dans [sa] stratégie de poursuite active de la consolidation du marché, reconnaît-il, cependant il y a des obstacles règlementaires ». Devant la toute-puissance des plateformes américaines dans l’acquisition de programmes (Netflix, Disney+, Amazon…) et la publicité (Google, Facebook..), il plaide comme Gilles Pélisson, le PDG de TF1, pour une consolidation autour d’un champion national, en conservant au besoin une part minoritaire. Si les prétendants au bal sont nombreux avec Daniel Kretinsky, Niel-Mediawan ou Mediaset, seul Vivendi vise comme la filiale de Bouygues la création d’un poids lourd de la télé pour résister aux Gafan. À la clé : 200 à 500 millions d’euros de synergies.

« Total vidéo »

Principal souci pour TF1 : son projet serait susceptible d’être bloqué par l’Autorité de la concurrence qui, pour l’année 2016, lui attribuait 41,9% de part de marché publicitaire brute, contre 23,6% à M6 Publicité. Soit 65,5% du gâteau de la TV. Mais tout dépend du périmètre pris en compte. Le CSA, qui appelle à rénover les règles anti-concentration présentes dans l’article 41 de la loi de 1986 en tenant compte des évolutions « démographiques, économiques et technologiques », devra donner son aval à toute opération après une étude d’impact sur le marché. Il pourrait éclairer l’Autorité dans un sens favorable à TF1 en s’intéressant à la notion de marché pertinent tenant compte de la dynamique de la publicité qui se rapproche de plus en plus des paramètres du digital. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Gilles Pélisson parle désormais du « total vidéo », comme étant son univers de concurrence.

Avec la vidéo sociale (419 millions d’euros en 2020,) et la vidéo display (474 millions), les 3,027 milliards d’euros de recettes nettes de la TV, selon l’Irep, gonflent à 3,92 milliards. Selon Publicis Media, les groupes TF1 et M6, qui pèsent en France respectivement 1,261 milliard d’euros et 773 millions, totaliseraient alors 54 % du marché « total vidéo », ce qui serait équivalent à ce qu’était la part de marché de TF1 au début des années 2000. En prenant en compte les chiffres communiqués à la Bourse, ramenés à l’ensemble de la TV, selon l’Irep, on arrive à 57 % « total vidéo » mais à 74 % sur le marché de la seule TV. TF1, de son côté, estime cette part à 63 %.

Limite des 7 fréquences

C’est dire l’importance d’un marché pertinent au sens large. Des arguments plaident en ce sens : la TV segmentée, le développement digital des groupes audiovisuels... « Et Facebook, avec Watch, se dirige de plus en plus vers des formats avec un pre-roll classique qui entre en concurrence avec les acteurs TV », souligne Philippe Nouchi, qui dirige l’expertise de Publicis Media. Resterait pour TF1 à se conformer à la limite des 7 fréquences TNT en rendant celle de TF1 Séries Films ou 6 Ter, par exemple, ou en revendant Paris Première. Un scénario à la TMC-NT1, avec un engagement pendant cinq ans à ne pas commercialiser les chaînes acquises dans TF1 Pub, est aussi imaginable car le groupe TF1 pourrait profiter de sa surpuissance pour obtenir qu’on surinvestisse chez lui.

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