Audiovisuel
Avec la plateforme BrutX, lancée le 7 avril, le champion de la vidéo sociale se donne deux ans pour se constituer un catalogue de fictions et de documentaires engagés, avant de se déployer à l’international.

Brut parviendra-t-il à répliquer dans la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) son indéniable succès dans la vidéo sociale ? Le média aux 20 milliards de vidéos vues en 2020, 300 millions de spectateurs uniques par mois, en rêve. Un peu moins de cinq ans après avoir popularisé la vidéo « à la Brut », Renaud Le Van Kim, Guillaume Lacroix et leurs associés ont lancé le 7 avril BrutX, une plateforme par abonnement de films, séries et documentaires engagés, accessible au tarif de 4,99 euros par mois en OTT, sur les box Orange et Free, et sur les plateformes tierces (Apple TV, Android TV…).

Vision progressiste

« Nous voulons proposer des contenus très différents de ce qu’on trouve ailleurs, autour des valeurs qui nous sont chères, comme l’environnement, les droits de la femme, la lutte contre les discriminations, les questions de genre… », a expliqué Guillaume Lacroix, CEO et cofondateur de Brut, au cours d’une conférence de presse en ligne. « Avec BrutX, nous donnons carte blanche à des créateurs qui ont une vision progressiste de la société. Nous ne sommes pas dans une logique de volume mais dans la sélection, en allant chercher des créateurs qui nous ressemblent », a ajouté Claire Basini, sa directrice générale adjointe.

BrutX propose par exemple en exclusivité la série Veneno, la nouvelle création des producteurs de La Casa de Papel, une plongée dans la vie de cette égérie transgenre espagnole des années 90. Autre série exclusive, Adult material, qui veut briser le tabou des violences sexuelles dans l’industrie du porno. Également au catalogue, des documentaires réalisés par les équipes de Brut, comme Charles Villa, qui part à la rencontre des enfants guérilleros au Congo dans Kivu, ou Camille Courcy, qui a installé sa tente sur la colline du crack, dans le nord de Paris, donnant Laurie et le caillou magique. Un nouveau documentaire sera mis en ligne chaque semaine, une nouvelle série exclusive chaque mois.

Les productions originales représentent environ un tiers du catalogue au lancement, le reste se composant d’acquisitions. Parmi celles-ci, le documentaire The Cove, consacré à la défense des dauphins massacrés en masse dans les océans, ou le film Snowden, proposé à l’occasion d’une masterclass avec son réalisateur Oliver Stone sur Comment filmer la violence ?, produite par BrutX.

Levée de fonds

Coût du projet ? « Plusieurs dizaines de millions d’euros investis dans les deux ans », a chiffré Guillaume Lacroix. Il précise que BrutX est financé en partie par la levée de fonds de 40 millions d’euros bouclée par Brut en juillet 2019 et par les revenus dégagés par le média en France, où l’entreprise est rentable.

Fort de son studio de production intégré, la plateforme se donne 18 mois à deux ans pour développer son catalogue (les productions originales pourraient représenter deux tiers du catalogue d’ici là) avant de se déployer à l’international, peut-être d’abord en Europe. Après les films, séries et documentaires, le média pourrait aussi se développer dans le factual et le live, et peut-être ainsi inventer une nouvelle écriture « à la Brut ».

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