Audiovisuel
Alors que les chaînes sont pressées d’augmenter la visibilité des personnes handicapées sur leur antenne, la fiction intègre de plus en plus souvent des personnages en situation de handicap.

Plus de 4,3 millions de téléspectateurs en octobre 2020 sur France 2 pour le téléfilm T’en fais pas, je suis là sur l’autisme, 3,8 millions pour Apprendre à t’aimer sur la trisomie 21, diffusé en septembre sur M6, et même 5,8 millions pour Mention particulière fin 2017 sur TF1, qui suivait une jeune trisomique qui rêvait de devenir journaliste, et dont la suite arrive le 10 mai. « L’impact de ce type de programme va bien au-delà des chiffres, rappelle Christelle Leroy, directrice RSE du groupe TF1. Nous voulons que nos programmes reflètent la diversité de la société, cela doit être naturel, et le thème de la fiction s’y prête bien. »

Au-delà de ces soirées événementielles, le sujet du handicap est régulièrement intégré dans les fictions, à commencer par les feuilletons quotidiens. Dans Un si grand soleil, Antonin Poujol est un jeune homme en fauteuil ; dans Ici tout commence, le personnage d’Elodie est une étudiante malvoyante. « La fiction construit des représentations, elle crée des modèles. En plus des histoires racontées, ça permet d’augmenter la connaissance d’un handicap », explique Marie-Anne Bernard, directrice RSE à France Télévisions.

Formation à la langue des signes

Des séries comme Astrid & Raphaëlle (France 2) ou même Good doctor (TF1) ont ainsi contribué à mieux faire connaître l’autisme Asperger. « La question de l’inclusion est fondamentale pour les jeunes publics », rappelle Marie-Anne Bernard. D’où un effort particulier fait par France Télévisions sur sa plateforme France.tv Slash, avec la série Mental, sur le handicap psychique, ou la saison 5 de Skam, dont l’un des personnages, Arthur, souffre de surdité. « La série a été conçue avec des personnes sourdes et malentendantes, et toute l’équipe de production a été formée à la langue des signes. Skam est un modèle de ce que peut être l’inclusivité », estime encore Marie-Anne Bernard.

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Mais pour les pouvoirs publics, ces initiatives ne sont pas suffisantes. Selon le dernier baromètre publié par le Conseil supérieur de l’audiovisuel sur la représentation du handicap à l’antenne, seules 0,7% des personnes représentées à l’image sont perçues comme handicapées, un chiffre qui stagne (0,7 % en 2018, 0,6 % en 2017).

La secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, a prévenu : « Si le baromètre n’a pas bougé à la prochaine édition, nous aurons une part non négociable [de personnes handicapées à l’antenne] », avait-elle indiqué sur Europe 1 en octobre 2020.

Reste qu’avec 80% de handicap invisible parmi les personnes concernées, l’instauration d’objectifs chiffrés – un quota qui ne dit pas son nom – semble beaucoup plus difficile à mettre en place que sur la place des femmes dans les médias. « L’argument quantitatif n’est pas suffisant. Ce qui est important, c’est de mettre en avant des personnes handicapées hors norme qui ont réussi à dépasser leur handicap. C’est beaucoup plus fort en termes d’impact », insiste Christelle Leroy, à TF1. La victoire de Sami El Gueddari, ancien nageur paralympique, à la saison 10 de Danse avec les stars fin 2019 en est l’exemple le plus emblématique.

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