Numérique
Bruno Patino, président d’Arte France et de son groupement européen d’intérêt économique, veut mieux distribuer Arte.tv à la fois sur le continent et sur les plateformes.

Confronté à une grève portant sur les pigistes et les intermittents, qui a entraîné la suppression d’une édition de la mi-journée, Bruno Patino a défendu, le 27 mai, devant l’Association des journalistes médias, un plan d’intégration visant la création de CDI pour 26 journalistes et « plus d'une centaine d'intermittents ayant travaillé plus de 60 jours entre 2015 et 2018 ». Mais pas question pour le président d’Arte de remettre en cause un accord du groupement européen d’intérêt économique (GEIE) signé à l’unanimité des syndicats et après une négociation d’un an et demi. « La précarité a considérablement diminué au sein d’Arte […] mais la contrepartie, c’est qu’on ne recrée pas un volant d’intégration à venir », dit-il.

Effort financier

La chaîne, qui a vu son budget passer de 299 à 275 millions d’euros, est soumise à l’effort financier de l’ensemble de l’audiovisuel public et parvient tout juste à maintenir son enveloppe de programmes à plus de 150 millions d’euros au sein d’Arte France, avec seulement 6 millions d’euros de recettes propres. Aux syndicats qui pointent le risque de créer « une sous caste de personnels déclassés », le patron précise néanmoins qu’il est disposé à « reparler des modalités d’application de cette règle ».

Avec une gouvernance collégiale, et s’inscrivant dans les pas de Véronique Cayla, sa prédécesseure, Bruno Patino table désormais sur son plan stratégique de quatre ans qui sera dévoilé le 9 juin en assemblée générale d’Arte GEIE. Un projet de développement européen prévoit de renforcer le bouquet d’offres éditoriales d’Arte par des plateformes de destination dans les langues d’Arte.tv (espagnol, italien, polonais, anglais), en plus du français et de l’allemand. « Si l’AG valide le 9 juin le projet du groupe, on va aller à la rencontre de plusieurs publics européens », a auguré jeudi Bruno Patino. 85 % des programmes d’Arte jouissent déjà de droits européens. « On va devoir passer de la disponibilité à la présence réelle », souligne-t-il.

Récits aux regards multiples

Sur les programmes, Arte se revendique comme une « grande chaîne de récits aux regards multiples ». La plateforme Arte.tv – dont 65 % des contenus ne sont pas du rattrapage – est reprise par Orange et ne cesse s’enrichir avec tous les épisodes d’une série comme En Thérapie aux 52 millions de vidéos vues (et bientôt la version originelle BeTipul), ou la chilienne La Meute. Le Monde de demain, signée avec Netflix, est en cours de tournage et sera consacrée à l’histoire du groupe NTM. Les audiences numériques sont en hausse de 36 %, à 185 millions de vidéos vues en moyenne sur la période janvier-avril 2021. Sur YouTube, une vingtaine de chaînes ont permis d’atteindre 6 millions d’abonnés et 56 millions de vidéos vues en 2020 (+78 %). La marque, référence du documentaire, est ainsi de mieux en mieux exposée aux publics jeunes. Et Arte s’apprête à lancer son canal 77 sur la TNT. Quant à une reprise sur Salto, elle est jugée « fortement probable » à condition que ce soit dans le respect de la marque éditoriale, et non avec des contenus éparpillés. « Mon but est de toucher le plus de gens possible là où ils sont », annonce-t-il.

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