Télévision
Six mois après avoir repris les rênes du 13h de France 2, Julian Bugier se satisfait du réancrage territorial opéré. Hyperactif, le journaliste de 40 ans ne compte pas s’arrêter là.

Il connaissait bien le cérémonial du 20h en tant que joker de David Pujadas puis d’Anne-Sophie Lapix sur France 2 depuis 2011. Julian Bugier aime aujourd’hui la convivialité et la décontraction du 13h, dont il a repris les rênes le 4 janvier 2021 à Marie-Sophie Lacarrau, partie succéder à Jean-Pierre Pernaut sur TF1. « Le 13h est un exercice de rapidité comparé au 20h. Même si certaines choses sont préparées la veille, c’est un sprint du matin à la minute près. Mais vous tissez un lien particulier avec le public, c’est plus décontracté, ça ouvre plus d’espace pour être soi-même », raconte Julian Bugier sitôt son journal terminé.

Le sel du métier

En six mois, le journaliste de 40 ans, passé par Bloomberg TV, BFMTV, i-Télé puis France 2, a imprégné sa marque. « Nous avons clarifié la ligne éditoriale, avec un réancrage territorial y compris sur la partie news. Avant, les sujets d’actualité étaient traités de manière transversale. Aujourd’hui, sur la fin de jauges dans les collèges par exemple, nous le racontons depuis Toulouse. Le terrain est ce qui fait le sel du métier », insiste-t-il.

De nouvelles rubriques ont aussi été créées dans la partie magazine du JT, comme « Une idée pour la France », qui met en avant des initiatives de Français sur le territoire. « Nous voulons montrer que les Français sont porteurs de solutions. C’est à la mode, mais c’est une conviction que j’ai depuis longtemps », assure Julian Bugier, qui avait déjà fait de l’économie solidaire le cœur de son magazine Tout compte fait, diffusé sur France 2 de 2015 à 2019.

Faut-il voir dans tous ces changements l’influence du « pape » du JT des régions, Jean-Pierre Pernaut ? Julian Bugier s’en défend fermement : « on ne se construit pas par rapport aux autres. Le succès du journal de Jean-Pierre Pernaut s’est bâtit, me semble-t-il, sur la prime aux Français, aux gens, face aux politiques et aux institutions, ainsi que sur des reportages autour de nos régions et de nos savoir-faire. Nous, c’est l’actualité qu’on traite par le biais des régions. »

Extrême proximité

Les audiences enregistrées par Julian Bugier depuis janvier ne viennent pas contredire cette attente pour une territorialisation de l’actualité. Entre janvier et mai, le 13h de France 2 a été regardé en moyenne par 2,9 millions de personnes quand Marie-Sophie Lacarrau rassemble sur TF1 5,4 millions de téléspectateurs, selon les chiffres de Médiamétrie compilés par Publicis Media pour Stratégies. En un an, France 2 a légèrement réduit l’écart (85 % d'audience en plus en 2021 pour TF1 vs 91 % sur la même période en 2020), même si celui-ci reste abyssal.

Ce lien particulier avec les Français est ce qui a poussé France Télévisions à choisir Julian Bugier pour reprendre les commandes du JT. « Il symbolise ce qu’on voulait pour le 13h. Il est considéré par le public comme quelqu’un d’une extrême proximité », se souvient Laurent Guimier, directeur de l’information du groupe public. D’ailleurs, « on va continuer à assouplir le JT et à sortir du studio pour être encore plus près du public », ajoute-t-il.

Une première délocalisation était prévue à l’occasion de l’acte 1 du déconfinement le 19 mai, en Seine-et-Marne, mais la météo en a décidé autrement. « Le journal ne doit pas être prisonnier de son studio, martèle Julian Bugier. Les délocalisations sont symboliquement importantes, elles permettent de créer du liant. Mais cela ne doit pas être gratuit, elles doivent entrer en résonance avec l’actualité. »

Syndrome de l'autodidacte

Le journaliste, qui se définit comme un hyperactif, aurait-il la bougeotte ? Lui qui, enfant, fils d’un journaliste de PQR, se rêvait grand reporter, sera d’ailleurs le 14 juillet avec la Patrouille de France pour une descente en rappel sur l’Arc de triomphe en direct. « J’ai le syndrome de l’autodidacte et donc un besoin d’apprendre immense. Ce métier me permet de me plonger dans des univers que je ne connais pas », avoue Julian Bugier, dont le seul diplôme est le baccalauréat. À chaque interview difficile, comme avec Nicolas Sarkozy en mai 2015 sur le plateau du 20h, il veut prouver sa légitimité. « Je me dis toujours qu’il faut que je pose les bonnes questions, sans être arrogant ni discourtois. C’est compliqué comme exercice car on a peu de temps dans un JT, mais avec Nicolas Sarkozy, c’était le cas. »

La fermeté du journaliste a aussi été remarquée en 2010 à i-Télé face à un Robert Ménard qui défendait en plateau la peine de mort. « Je ne suis pas d'accord avec vous, Robert. Rien ne justifie qu'on enlève la vie », lui rétorque sèchement Julian Bugier. Ce jour-là, sous ses airs de gendre idéal, il a montré qu'il savait être ferme sur ses convictions.

Parcours

1980. Naissance à Blois.

1999. Commence sa carrière à Londres pour Bloomberg TV.

2005. Participe au lancement de BFMTV.

2009. Rejoint i-Télé.

2011. Devient joker au JT de 20h de France 2.

Janvier 2021. Prend les commandes du 13h de France 2.

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