Production
Fondé en 2013, Federation Entertainment est, comme Banijay et Mediawan, un champion français de la production qui part à la conquête du monde.

Où s’arrêtera Fédération ? L’entreprise de Pascal Breton qui s’est donnée pour tâche de fédérer les talents, veut doubler son activité d’ici à 2022 et table sur 140 millions d’euros de chiffre d’affaires dès cette année. Après avoir levé 30 millions d’euros en 2020, elle vient de prendre un nouvel essor en faisant entrer à près de 30 % dans son capital, pour un montant de 50 millions d’euros, le fonds Montefiore, spécialisé dans les ETI.

Objectif : assurer le développement international d’un groupe déjà présent en Israël, aux États-Unis, en Espagne et en Italie. Le producteur du Bureau des légendes, d’En Thérapie ou d’Un Homme d’honneur projette de s’exporter dès à présent en Allemagne et en Angleterre, puis en Amérique hispanophone et en Asie, notamment en Corée. Sa méthode est simple : miser sur des partenariats avec des petits producteurs comme Les films du poisson pour En Thérapie ou T.O.P (d’Éric Rochant et Alex Berger) pour Le Bureau des légendes. Mais l’argent du fonds rend aussi désormais possibles une ou des acquisitions entre 10 et 50 millions d’euros.

30 à 35 séries par an

Soixante-cinq projets sont engagés dans les deux ans à venir, à raison de 30 à 35 séries par an. Federation a profité de la pandémie pour tripler son volume de commandes en vendant à Netflix, Amazon et Disney. En France, on retrouvera dans son catalogue des adaptations de grands classiques (Monte-Cristo, Notre-Dame), de BD (Lucky Luke) ou d’enquêtes journalistiques (Le Fugitif sur Carlos Ghosn, Xavier Dupont de Ligonnès avec So Press). Pascal Breton, qui constate un retard de cinq ans en termes de qualité d’écriture des séries en France, a aussi lancé une adaptation américaine du Bureau des légendes (qui aura une sixième saison) sous le nom The Department.

Quid des relations avec Netflix et consorts ? « Je vais essayer autant que possible de garder les droits », a répondu Pascal Breton le 10 mai devant l’Association des journalistes médias. Alors que la réglementation évolue pour faire contribuer les plateformes de SVOD à la création, rien n’est gagné même s’il est prévu de réserver les deux tiers des dépenses d’œuvres audiovisuelles à la production indépendante. Federation, qui fut la première société de production à s’entendre avec Netflix pour la série Marseille, sait qu’elle doit se battre contre tout forfait qui tendrait à faire d’elle un simple exécutant au profit de plateformes mondiales. « Le business model n’est pas du tout le même quand on est simple prestataire. Avec 10% vous payez vos frais généraux et votre développement mais vous ne pouvez pas capitaliser sur votre business », a expliqué Pascal Breton à l’AJM.

« Direct to platform »

Reste que le groupe s’est plutôt bien adapté à la dynamique des plateformes. En raison de leur rivalité, Netflix et Disney commencent à signer les premiers contrats où ils laissent les droits aux indépendants. « Les producteurs qui sont dynamiques avec les plateformes vont avoir un doublement de leur activité, sur les séries et les films », estime le patron-fondateur. Avec le projet de produire une dizaine de films de cinéma pour ces géants, Federation veut profiter du « direct to platform » qui caractérise déjà Warner et Disney.

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