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Laurent Cotillon, directeur exécutif du pôle médias du groupe Hildegarde (Le Film français, Première, Studio et Causette) revient sur les actualités de la semaine à savoir le festival de Cannes, le premier bilan de la réouverture des salles de cinéma...

Le Festival de Cannes qui se tiendra du 6 au 17 juillet.

On est contents de le retrouver après une année d'absence. D'abord, il y a une bonne sélection. Ensuite, ce sera une édition particulière marquée par un mélange de touristes et de professionnels français. Il y aura un peu moins d'étrangers que lors des autres éditions en raison du covid et des restrictions sanitaires. Mais Cannes demeure le plus gros festival du monde. C'est un peu l'équivalent de la Coupe du monde ou des Jeux olympiques dans le monde sportif.

La fréquentation des salles de cinéma à la suite de leur réouverture.

Elle a été très bonne au départ, bénéficiant à la fois d'une forte envie de la part des spectateurs et d'une météo très instable. Le bilan est plutôt bon avec -38 % de fréquentation sur les quatre semaines, ce qui, au regard des limitations liées aux jauges, est encourageant. Mais avec la météo redevenue estivale et l'Euro, les résultats se sont tassés. La question du monde du cinéma était : est-ce que les jeunes reviendront au cinéma après avoir goûté, pendant les confinements, aux plateformes de streaming ? La réponse est oui. Et finalement le sujet se porte sur les plus de 50 ans. Reviendront-ils ? Car la baisse de fréquentation est moins importante sur les jeunes que sur les quinquas et plus, peut-être plus inquiets des mesures sanitaires. 

Les parlementaires américains qui partent à l'attaque des géants de la tech.

Tous les acteurs du numérique se sont construits dans un no man's land avec une mentalité de cowboys sans foi ni loi. Sont soulevées les questions de la protection des données, du lieu de production et de consommation des contenus, alors que ces entreprises bénéficient de régimes fiscaux optimisés au Luxembourg ou en Irlande. En Europe comme aux États-Unis, les parlementaires tentent d'y remédier. Il a fallu attendre une majorité américaine moins libérale pour que cette réflexion aboutisse.

Le départ d'Alain Weill du groupe Altice.

Il a bâti une structure formidable, en faisant de ses radios, de ses sites et de ses chaînes de vrais monstres de l'info. C'est une très belle réussite qui impose le respect.

Le décret Smad ou les obligations de production nationale imposées aux acteurs du streaming.

Au 1er juillet, ces acteurs devront consacrer 20 à 25 % de leur chiffre d'affaire national à la production hexagonale. Cela devrait permettre d'injecter 250 à 300 millions d'euros dans le cinéma et les séries. Il me paraît logique de vouloir préserver la culture locale. Ces puissants acteurs mondiaux peuvent rentabiliser leur production sur un marché international. Il est donc normal de les faire contribuer à l'industrie locale d'un point de vue financier. Reste à savoir ce qu'ils vont financer avec cela : pas uniquement des séries pour ados avec des vampires, j'espère. Mais je trouve très positif que l'Europe et la France aient pu mettre en place ces obligations.

L'accord interprofessionnel espéré sur la chronologie des médias.

La Centre National du Cinéma a proposé un schéma de synthèse sur la nouvelle chronologie des médias (règle qui établit quand un type de média - plateforme de streaming, télé payante ou gratuite, VOD - peut exploiter une œuvre cinématographique). S'il n'y a pas d'accord interprofessionnel, le gouvernement prendra les choses en main. Ce serait une perte d'influence pour l'industrie qui lâcherait le contrôle de son destin. Car la chronologie des médias est un point essentiel du financement de la production audiovisuelle. Ce serait bien que tous les acteurs télé, gratuits et payants, y trouvent une place tout en y intégrant les plateformes. L'intérêt général serait d'aboutir à un consensus.

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