Médias
Emmanuelle Walter, rédactrice en chef et directrice de la publication d’Arrêt sur images, revient sur les dernières actualités de la semaine.

Jeff Bezos qui quitte la direction opérationnelle d’Amazon pour se consacrer à d’autres projets, dont la lutte contre le changement climatique.
Il y a une incohérence. Amazon est une véritable bombe pour le climat, que ce soit par la consommation impulsive que le site génère ou par le nombre phénoménal d’invendus qu’il engendre. Le modèle économique d’Amazon contribue au dérèglement climatique et aucune compensation n’est possible. On est dans une dystopie, avec une entreprise qui gouverne le monde et qui sait tout de nous. C’est effrayant car on s’y habitue.

La fin de la collaboration entre Pierre Ménès, accusé d’agressions sexuelles, et Canal+ à la suite d'un accord financier.
C’est d’une hypocrisie terrifiante. Canal+ a d’abord censuré le documentaireJe ne suis pas une salope, je suis journaliste, dans lequel Marie Portolano et Guillaume Priou montraient que Pierre Menès avait un rapport problématique aux femmes. La chaîne a ensuite orchestré une opération de réhabilitation-repentance dans l’émission TPMP, avant de s’en débarrasser avec une négociation. Jamais n’a été reconnu le mal que Pierre Menès a fait ni la responsabilité de Canal+.

L'éviction de Bertrand Chameroy d'Europe 1 et l'inquiétude des salariés de la radio après l'entrée de Vivendi au conseil d'administration de Lagardère.
Il y a d’abord eu Sébastien Thoen, qui a parodié Pascal Praud pour le compte de Winamax, puis la censure à deux reprises de l’humoriste Edgar-Yves, qui moquait la toute puissance de Vincent Bolloré en Afrique, et enfin Bertrand Chameroy : tous ont été censurés ou licenciés par Vincent Bolloré. C’est un comportement très autoritaire, qui serait mal perçu s’il venait d’un État. L’emprise idéologique de Vincent Bolloré sur les médias, c’est comme la grenouille dans l’eau chaude : c’est une emprise progressive à laquelle on s’habitue et qui teinte la conversation nationale. Les autres médias sont tentés de se droitiser pour faire de l’audience : Natacha Polony arrive à la rentrée sur BFMTV, France Inter a également recruté la directrice de la rédaction de Marianne comme chroniqueuse.

La décision d’Albin Michel de ne pas publier le prochain livre d’Éric Zemmour.
C’est de l’hypocrisie. Albin Michel a publié pendant des années des livres outranciers écrits par Éric Zemmour, bourrés d’inexactitudes, comme Le Destin français ou Le Suicide français. Éric Zemmour mène le même combat idéologique depuis des années et maintenant qu’il s’affiche comme un homme politique, ça oblige la maison d’édition à reconnaître que c’est quelqu’un d’extrême droite. C’est une nouvelle pudeur.

La publicité que s’est offerte Viktor Orban, Premier ministre de Hongrie, dans plusieurs grands journaux européens, dont Le Figaro.
En Belgique, De Standaard et La Libre Belgique ont refusé de la publier. En France, la société des rédacteurs du Figaro s’apprête à publier un communiqué marquant son opposition. Accepter une telle publicité, c’est publier de la propagande. La littérature publicitaire de régime autoritaire rapporte, mais cela ne me parait pas indispensable d’offrir de la place à ce type de régime. Les travaux de Julia Cagé montrent qu’on pourrait faire complètement autrement.

 

Daniel Schneidermann qui passe la main à Arrêt sur images.
Il faut saluer le geste : Daniel Schneidermann nous donne la maison sans en tirer aucun bénéfice. Nous ne serons pas une coopérative, ni une fondation, nous resterons une société commerciale, car nous voulons rester un média financé uniquement par nos abonnés. Daniel Schneidermann sera toujours là éditorialement, c’est un changement dans la continuité.

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