Télévision
À la tête de la fiction française du groupe TF1, Anne Viau mise sur son expérience de scénariste et sur son intérêt pour les personnages atypiques pour déceler les cartons d’audience de demain.

On lui doit, à elle et à ses équipes, le plus gros succès depuis plus de quinze ans en matière de fiction française à la télé. Avec 11,5 millions de téléspectateurs en moyenne, pour une part d’audience de 45 %, la série HPI, diffusée sur TF1 au printemps, a dépassé toutes les attentes, à commencer par celles d’Anne Viau, directrice artistique de la fiction française au groupe TF1. « C’est rare quand une alchimie se crée entre un personnage et un comédien, comme entre Colombo et Peter Falk, ou entre Capitaine Marleau et Corinne Masiero. Avec HPI, on est dans ce cas, même si au-delà du personnage, il faut aussi un bon concept », raconte la pétillante quadra, qui a démarré le 2 septembre la mini-série Mensonges, avec Arnaud Ducret et la même Audrey Fleurot.

Rêve de petit écran

Elle a débuté dans le métier comme scénariste. Dès sa sortie de La Fémis, celle qui a beaucoup déménagé dans son enfance au gré des mutations de son père, cadre de la fonction publique, comme sa mère, rêve non pas de 7e art comme beaucoup de ses camarades, mais de petit écran. « J’ai toujours aimé la télévision. J’aime l’absence de distance entre ce média et le téléspectateur. De plus, aucun autre genre que les séries ne permet de suivre des personnages au long cours », justifie-t-elle.

À TF1, c’est elle qui chapeaute treize personnes, dont huit conseillers artistiques, qui sélectionne puis accompagne les projets – séries ou unitaires – qui verront le jour à l’antenne. Huit-cents à mille projets de scénario sont reçus chaque année, une cinquantaine est en développement en permanence, pour un total de 70 à 80 primes consacrés chaque année à la fiction française sur TF1.

Coup de cœur

« En comité de lecture, nous fonctionnons beaucoup au coup de cœur », explique Anne Viau, qui se souvient de ces 15 pages qui racontaient un embryon de ce qui deviendra Le Bazar de la charité, diffusé sur TF1 en 2019. « À cette époque, on avait un peu renoncé aux fictions en costumes, mais la productrice nous a convaincus qu’on allait en faire une fiction moderne », se remémore-t-elle.

L’événement de cette rentrée 2021 sera la série Une affaire française, sur le petit Grégory, dès le 20 septembre. « Les fictions participent à faire changer les choses en douceur », pointe la directrice artistique, qui a contribué à faire d’Eliott, premier personnage non-binaire dans une série française, l’un des héros du feuilleton Ici tout commence. Autre enjeu, « parler aux jeunes adultes sans exclure les parents. Cela passe par le traitement de sujets très “concernants” pour eux, comme le harcèlement scolaire ou la prostitution », insiste-t-elle.

À ses heures perdues, cette passionnée d'équitation aime se poser à la terrasse d’un café, imaginant l’histoire des gens qu’elle a sous les yeux. « C’est l’un de mes plaisirs coupables, un vieux truc de scénariste », avoue-t-elle.

Parcours :

2003. Sort de La Fémis, département scénario.

2003-2011. Co-écrit plusieurs séries pour la télévision dont Maison Close (Canal+) et Adresse Inconnue (France 3).

2011. Entre au groupe TF1 comme conseillère artistique à la fiction française.

2018. Devient directrice artistique de la fiction française de TF1.

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