Audiovisuel
Après voir investi en dix ans 326 millions d’euros dans 360 films, Orange travaille sur un nouvel OCS, avec des obligations de financement du cinéma revues à la baisse, et la fin de sa fenêtre de première exclusivité.

Christian Bombrun, le directeur des produits et services d’Orange France et directeur d’Orange Content, le reconnaît : « La transformation est nécessaire, il est probable qu’un de nos fournisseurs ne sera plus là à l’avenir. On n’en a pas la confirmation, mais on se prépare à un OCS sans HBO. » Il semble en effet de plus en plus évident que le groupe américain, filiale de Warner, n’a pas l’intention de renouveler son contrat d’exclusivité en première fenêtre avec OCS, début 2023. Il s’apprête à lancer en Europe du Sud son offre de SVOD HBO Max pour faire face à la montée en puissance des géants Netflix, Amazon Prime ou Disney+. Pourquoi réserver à la filiale d’Orange toutes les séries phares de HBO (Game of Thrones, True Detective, The Undoing…), alors qu’avec 3 millions d’abonnés, sa clientèle est en France en dessous de Netflix et sans doute même d’Amazon Prime et de Disney+?

Pour l’heure, OCS profite encore des bienfaits de HBO, comme House of the Dragon, le spin-off de Game of Thrones. Mais la transformation est d’autant plus incontournable que l’offre concurrentielle s’est considérablement diversifiée depuis la naissance de la chaîne, en 2007, et que le diffuseur a perdu son avantage compétitif face à Canal+ (son actionnaire à 33%), en termes de séries de qualité. De plus, la chaîne payante qui propose quatre diffusions linéaires et un replay associé, est un acteur important du cinéma français dans lequel elle investit près de 40% de son chiffre d’affaires en pré-achat. Avec mille films par an à la demande et 50 films en première exclusivité, elle continue de perdre de l’argent, ce qui a conduit Christian Bombrun à négocier cet été avec les organisations représentatives du cinéma pour alléger ses obligations d’investissement. La filiale ira-t-elle jusqu’à se muer en service de média audiovisuel à la demande (Smad) et à abandonner ainsi sa diffusion linéaire pour ne plus avoir à dépenser 42 millions d’euros dans le cinéma ? « Ce n’est pas le scénario sur lequel on travaille », répond le dirigeant, qui salue une écoute « plutôt bonne » d’organisations du 7ème art « attachées à ce qu’OCS continue ».

Des contenus originaux

La chaîne pourrait néanmoins perdre son statut de chaîne de première exclusivité cinéma, qui lui permet de diffuser six mois après la sortie en salle. Elle se concentrerait alors sur les séries françaises (3615 Monique, Cheyenne et Lola), sur les séries américaines hors HBO (The Walking Dead – AMC –, The Handmaid’s Tale – Hulu –) et des films en deuxième voire troisième exclusivité. « On sera un artisan de la diffusion des séries et des films français et des studios américains », résume Christian Bombrun. Témoin de ce nouvel axe, OCS Originals démarrera le 7 septembre sa série L’Opéra, créée par Cécile Ducrocq, avec Raphaël Personnaz, sur l’Opéra Garnier (8×52).

Enfin, Orange va s’attacher à promouvoir son offre en l’alliant à d’autres, à l’instar de ce qui a été fait avec le pack OCS-Netflix à 19,90 euros ou la combinaison Disney + et le bouquet famille d’Orange. Pourquoi pas demain un duo Amazon Prime + OCS ? « Il y a tellement d’offres qu’on entre doucement dans une ère où l’on va les mélanger », conclut le patron.



 

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