Médias
Le directeur général du groupe Le Figaro, Marc Feuillée, fait le point sur le développement de ses actifs en revenant sur les conséquences de la crise du covid. Sur les droits voisins, il appelle à reprendre les discussions avec Google.

Après dix-huit mois de turbulences liées à la pandémie, comment se porte votre groupe ?

Beaucoup mieux. Nous faisons un très bon premier semestre. Nous nous sommes organisés dès 2020 pour renouer avec les résultats historisques de 2019 et profiter de la reprise dès 2021. Et à part dans le ticketing et le travel, c’est le cas dans toutes nos activités médias.

Quels sont vos résultats ?

Notre  croissance  dans  les  médias  se fonde d’abord sur les  audiences. Nous sommes le premier groupe média digital en France avec 38 millions de visiteurs uniques déduppliqués par mois, soit  les   4e  derrière Google, Facebook et Microsoft. Dans le top 20 des marques se trouvent en 3e place Le Figaro, leader des quotidiens, le Journal des Femmes, site leader féminin avec 21 millions de visiteurs uniques et L’Internaute, notre pure player généraliste qui affiche 20 millions de visiteurs uniques mensuels. La croissance de nos audiences dynamise la croissance de nos médias et de notre groupe.

Et côté publicité ?

La publicité digitale est en progression de 26% entre janvier et septembre 2021 versus janvier-septembre 2020 et affiche +40% versus 2019. A la fin septembre, notre chiffre d’affaires publicitaire et marketing digital représentera 55% de nos ressources contre 45% pour l’imprimé. Sur le print, notre croissance publicitaire est de 20% versus 2020 et elle atteint 32% pour quotidien. 

Quels sont vos résultats en matière de diffusion ?

Les revenus issus de nos ventes progressent, notamment les abonnements print. La crise du Covid a montré une forme de résilience avec en 2020 les ventes du pack week-end print pratiquement stables, ce qui ne nous était pas arrivé depuis longtemps. Nos abonnements numériques augmentent de 32% à 190.000 soucriptions. Nous aurons une moyenne de 200.000 abonnés numériques en 2021, toutes formules confondues sur un total de 300.000 abonnés. Notre OJD de fin juin affiche +10%. Les lecteurs sont près à payer pour lire de l’information uniquement sur le digital. Ces éléments valident notre stratégie de diversification dans le digital avec CCM Benchmark, dédié aux pure playerd dont l’ebit est de 16 millions en 2020.

  Prévoyez-vous des lancemets ?

Nous procédons plutôt par déclinaisons de nos marques avec des hors séries sur les thématqiues de la science, de l’histoire, de la santé et des jeux. Nous lancerons un numéro sur les animaux de compagnie pour le Madame Figaro en octobre.

Depuis la rentrée, Eric Zemmour ne signe plus sa chronique hebdomadaire dans Le Figaro. Quand y reviendra-t-il ?

Je n’en sais rien. Il lui paraissait évident, ainsi qu’à la rédaction, qu’il devait se mettre en retrait à partir du moment où il avait des ambitions politiques. Cela permet au Figaro de traiter plus librement son activité.

Le  crédit   d’impot pour les primo abonnés à la presse IPG prolongé jusqu’en décembre 2022 est-il un levier ?

Sur   le   principe, cette mesure est intéressante. Mais ses critères d’application sont trop complexes. Je ne peux même pas vous dire s’il y a une incidence sur nos recrutements.

Comment gérez-vous la  hausse du  prix  du papier ?

Nous avons toujours soigné nos relations avec nos fournisseurs en inscrivant nos relations dans la durée et la confiance, en étant de bons payeurs. C’est la philosophie de notre groupe:   la   continuité   dans   la   performance. Pendant le confinenment, nous  n’avons   pas   annulé une   seule   parution. Nous sommes prudents en diversifiant nos approvisionnements de papier. Mais la pénurie possible de matière première nous inquiète, avec la demande accrue de carton, liée à l’explosion du ecommerce.

Etes-vous satisfait des avancées obtenues en matière de droits voisins face aux Gafa ?

Oui parce que les décisions prises par l’Autorité de la concurrence donnent raison aux éditeurs. Mais l’amende de 500.000 euros infligée à Google ira dans les caisses de l’Etat et non aux éditeurs. Et aucune autre plateforme américaine de Twitter à Apple ou Facebook n’a aujourd’hui versée le moindre centime. Il manque un mécanisme d’arbitrage parce que les éditeurs ne peuvent pas être condamnés à avoir recours à des procédures juridiques qui n’aboutissent pas.

Etes-vous satifait de l’activité de France Messageries ?

Je tire mon chapeau à Sandro Martin qui la dirige car l’entreprise atteint ses objectifs: elle est à l’équilibre et assure une bonne prestation de distribution, y compris pendant la période du covid. Cela permet à ce secteur d’avoir une vraie concurrence. Je suis juste surpris de la tentation des MLP de reconstituer un monopole.

Et quid des secteurs du voyage, dans lequel vous avez investi avec MarcoVasco et du ticketing avec Ticketac ?

Grace aux dispositifs d’aide à l’exploitation et au chomage partiel, les conséquences  économiques  sont  très  limitées. On   espère  retrouver  dès  le  2e semestre 2022 ou au 1er semestre 2023 le niveau d’avant la crise de la covid. La reprise dans le ticketing est plus rapide et nous lançons «la Billeterie Figaro». Nous relançons nos événements avec le «Salon Rent» dédié   aux   innovations   pour   les   professionnels   de   l’immobilier, nos croisières et visites pour les lecteurs ainsi que les conférences salle Gaveau.

Qu’en est-il du plan de départ de 40 personnes lancé en 2020 ?

Depuis 2010, nous réorganisons en permanence nos équipes qui comptent 1900 salariés.   Les   deux   tiers   de   nos   effectifs   travaillent   sur   des   activités  qui n’existaient pas il y a dix ans. Il y a des activités qui se contractent, des gains de productivités qui amènent à des réductions de moyens. Mais nous continuons à  embaucher des journalistes car nous avons besoin de nouveaux talents.

Pourquoi avoir réorganisé le management de Figaro Classifieds avec le départ de Thibaut Gemignani et la nomination de Pasccal Pouquet ?

Nous avons rapproché CCM Benchmark group de FCMS pour créer des synergies et conjuguer nos forces. Stéphane Anfonso est désormais le DG des deux structures. Nous voulons ainsi profiter de la reprise de l’immobilier et de l’emploi.

Quelles actions entreprenez-vous en matière de RSE ?

La RSE concerne les clients et les médias. Nous avons entrepris un gros travail en matière d'éco-développement en établissant notre bilan carbone. Nous attachons une grande importance aux sujets liés au handicape. Et fort de notre expérience en portage, nous avons investi 4 millions d'euros en nous associant avec l'imprimeur Riccobono pour que d'ici fin 2021, le Figaro ne soit plus distribué dans des liasses et films en plastique. Cela représente 16 millions de films plastiques qui ne seront plus recuyclés. Et nous ferons la même chose pour le pack week-end d'ici le 1er janvier prochain. C'st une action radicale, menée avec l'accord de la Poste.

Si vous deviez définir la philosophie de votre groupe...

Avec nos équipes, nous avons travaillé sur notre charte et nos valeurs. Nous proposerons développé par Publicis Conseils fin septembre. C'est un film viralisé d'1,30 minutes qui sera aussi un spot manifeste avec nos deux signatures La culture de la liberté depuis 1826 et Cultivez l'intérêt. Les marques médias comme la nôtre ont le soutien de leurs lecteurs, de leurs audiences et des annonceurs. Leur richesse repose sur leur influence. 

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