Le non-renouvellement du mandat d’Isabelle de Silva à la présidence de l’Autorité de la concurrence, annoncé le 4 octobre, suscite des remous. « Ce départ est extrêmement politique, c’est un mauvais signal sur l’indépendance de l’Autorité », a déclaré à Stratégies Julia Cagé, professeur d’économie à l’IEP de Paris, qui rappelle que le gouvernement n’a plus son mot à dire sur les opérations de concentration. Plusieurs observateurs ont qualifié de « surprenante » cette décision de l’Élysée de ne pas reconduire le premier mandat d’Isabelle de Silva, qui prend fin le 13 octobre. L’action de la haute fonctionnaire, qui s’apprête à réintégrer le Conseil d’État, a été saluée sur Twitter par Sébastien Soriano, ex-président de l’Arcep, pour son « exigence et la percée de l’Autorité dans la compréhension des enjeux numériques et au niveau européen ». La présidente n’a pas hésité à mettre à l’amende Google, d’abord en juin, en condamnant le géant à payer 220 millions d’euros pour ses pratiques publicitaires puis, en juillet, en lui demandant 500 millions d’euros pour ne pas avoir négocié de bonne foi sur les droits voisins avec les éditeurs de presse – Google a fait appel. Mais surtout, comme le rappelle Julia Cagé, l’Autorité devra se prononcer en 2022 sur deux dossiers médias extrêmement politiques : la fusion TF1-M6 et l’OPA de Vivendi sur Lagardère. Contrairement au CSA, l’institution semblait laisser entendre – non publiquement - qu’elle s’interrogeait sur le projet de fusion entre les deux groupes audiovisuels, au regard du marché pertinent de la publicité à la télévision. L’intégration de la publicité digitale dans ce périmètre était susceptible de remettre en cause certaines de ses décisions vis-à-vis des Gafa.  

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