Classement
L’immense majorité des groupes médias ont vu leur chiffre d’affaires reculer fortement en 2020, au plus fort de la pandémie, selon notre classement Altares. Mais l’effondrement tant redouté n’a pas eu lieu.

« Hors norme. » C’est ainsi que Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication, décrit cette année 2020 au plus vif de la pandémie. Tous les médias sont touchés, à l’exception des Gafan ou de la TV payante, à commencer par Canal+ (+4,4%). Le groupe JCDecaux (–40,6%) est bien sûr très affecté pour son activité en aéroports ou dans les métros du monde entier. Lagardère subit l’effondrement de sa branche « Travel retail » mais il est sauvé par sa branche d’édition (Hachette), qui se maintient à –0,4%. Quant au groupe Figaro, il n’a pas communiqué ses résultats en 2020 : il a dû faire face à la raréfaction de la publicité, à la fermeture des points de vente ou à la crise de Presstalis – comme toute la presse –, mais aussi au trou d’air dans son activité liée aux spectacles et au voyage.

Pour autant, 2020 n’aura pas été jonchée de faillites. Le PGE et le chômage partiel ont joué leur rôle. « Ce devait être l’année de l’hécatombe, c’est plutôt celle de la résistance, observe Jean-Clément Texier. 2021 sera à la consolidation avec l’entrée de Vivendi dans le capital de Lagardère et son rachat de Prisma et de Télé Z. La période délicate sera pour 2022 à 2025. »

Hormis la communication extérieure, la presse connaît les contractions les plus sévères. L’Équipe (–24,7%) est victime du gel du calendrier sportif, Le Moniteur (–29,8%) subit la mise à l’arrêt des chantiers quand les groupes Les Echos-Le Parisien (–12,5%) ou CMI France (–14,5%) pâtissent plus globalement du coup d’arrêt à l’économie. À noter que Le Monde limite son repli (–5%). Côte PQR, Sud Ouest, Le Midi libre ou le Dauphine libéré ont des reculs à deux chiffres. Mais les DNA (–3,5%), Le Dépêche (–4,6%) et Le Télegramme (–5%) reculent peu. « Paradoxalement, les résultats financiers sont positifs dans les entreprises où les éditeurs ont pris discrètement des mesures : regroupement d’éditions, baisse de la pagination, renégociations de loyers… », remarque l’expert. La régie 366, qui a réalisé le tour de force de faire +16,6% de croissance, a aussi bien aidé la PQR.

TF1 et M6 toujours rentables

Pour l’audiovisuel, les groupes TF1 (–10,9%) et M6 (–12,5%) ont été très pénalisés au deuxième trimestre sans que leur rentabilité en soit affectée, en particulier à M6. France Télévisions, qui peut s’appuyer sur la redevance, limite la casse à –2,8%. Altice Media (BFM RMC…), qui ne peut compter que sur les recettes publicitaires, fait mieux à –2,2%. Quant à NRJ Group, il a dû faire face à un fort recul (–15,9%).

Du coté des acteurs nouveaux, Reworld Media ressort à +44% en raison de l’intégration de Mondadori France en 2020. En pro forma, il est –8% car sa branche magazines est à –12,8%. Webedia est à –9% tandis qu’Infopro Digital, qui a acquis l’éditeur Haynes en 2020, progresse de 8,4% en dépit de la baisse du Moniteur. Enfin, on mesure le poids d’Amazon en tant que régie, à 333 millions d’euros (+43,4%). Une croissance dont seul Netflix France (+104,9%) n’a rien à envier. « L’arrivée d’Amazon dans la Ligue 1 montre que ce géant va rebattre les cartes à son profit. Cela ne peut qu’inciter à plus de consolidation », conclut l’analyste des médias.

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