Cinéma
Tandis que Netflix et Amazon organisent des événements physiques pour montrer une sélection de programmes, Canal+ s’accorde avec la filière du cinéma sur la chronologie des médias.

C’est après des négociations serrées que le 2 décembre 2021, un accord sur la chronologie des médias a été trouvé entre Canal+ et les acteurs de la filière cinéma(1). Reconduisant un partenariat de plus de trente ans, cet accord prévoit « un avancement de la fenêtre de Canal+ dans la chronologie des médias six mois après la sortie en salles » - contre huit aparavant - ainsi qu’une exclusivité de « neuf mois minimum » et jusqu’à seize mois pour la chaîne cryptée, notamment vis-à-vis des plateformes de streaming, elles, absentes de cet accord.

Sommes à la hausse

La contrepartie est un investissement du groupe Canal+ garanti sur trois ans à hauteur de plus de 200 millions d’euros par an (dont 20 millions pour Ciné+). Les sommes consenties sont plutôt à la hausse, compte tenu du précédent accord (174 millions d'euros par an), et sont donc de nature à rassurer le cinéma français. Reste la nécessité d’attendre la réglementation qui mettra en place la nouvelle chronologie, avec ou sans l'assentiment des plateformes, nouveaux contributeurs à la création française.

Autant dire que le débat n’est pas clos. D’autant que, hasard du calendrier, cette signature intervient quelques jours avant la rétrospective Netflix à la Cinémathèque de Paris - une semaine de projections sur grand écran incluant des avant-premières, du 7 au 13 décembre 2021. L'événement avait fait bondir beaucoup de professionnels du cinéma. Dans le même temps, Amazon proposera du 10 au 12 décembre, place de la Madeleine, un vidéoclub éphémère avec des projections gratuites incluant, là aussi, des inédits.

« L’idée est d’acquérir notoriété et respectabilité. Dans la chronologie des médias, le cinéma est le premier, c'est ce qui offre une vitrine, un espace de valorisation symbolique », explique Claude Forest, enseignant-chercheur en économie et sociologie du cinéma. Selon le site BetaSeries, sur les plateformes, les séries sont moins nombreuses mais davantage regardées (à plus de 60 %) que le cinéma. Mais ce dernier se distingue par un pouvoir d’acquisition d'abonnés et de rétention : « Je ne suis donc pas surpris que ces géants construisent une partie de leur promotion et de leur branding sur les films qu’ils proposent et produisent », analyse Rémi Tereszkiewicz, son directeur général.

Contrepartie

L'intérêt est aussi financier : plus les films sont diffusés vite, plus les coûts de production sont amortis tôt. Alors que la directive européenne SMA impose aux plateformes d’investir jusqu’à 25 % de leur chiffre d’affaires dans la production locale, Netflix et consorts souhaitent une contrepartie, en sortant les productions auxquelles elles contribuent au plus proche de la sortie en salles.

Autre problématique auxquelles touche la chronologie des médias : les intérêts ne sont pas toujours alignés entre professionnels du cinéma, selon qu’ils soient distributeurs, exploitants ou producteurs. Sans compter le piratage qui reste vivace. Le tout dans un contexte où la pandémie a réduit de près de 70 % le nombre d’entrées au cinéma en 2020, selon le CNC.

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