Billet

[Billet] Dans la presse, un nouveau tic journalistique fait rage, telle une maladie insidieuse mais invasive : le « Seulement, voilà… » fait le malin.

C’est comme un morceau de laitue entre les incisives. Une fois qu’on l’a remarqué, on ne voit plus que ça. Dans la presse, un nouveau tic journalistique fait rage, telle une maladie insidieuse mais invasive : le « Seulement, voilà… ». C’est bien simple, il est partout. « Seulement voilà, les fabricants de chargeurs USB vantent aujourd’hui une technologie basée sur un nouveau matériau... », « Seulement voilà, TikTok génère peu de revenus publicitaires, contrairement à YouTube »… Très tête-à-claques, le « Seulement voilà » fait le malin, l’informé qui ne s’en laisse pas conter. Tout en lui rappelle le Capital des années 90, l’écriture télé goguenarde. Seulement voilà, on est en presse écrite…

« Seulement voilà » vient s’ajouter à la liste des facilités plumitives dénoncées en 1997 par Michel-Antoine Burnier et Patrick Rambaud dans Le Journalisme sans Peine. Les deux facétieux y traquaient les expressions comme « passer sous les fourches caudines » et « agiter la lanterne rouge »... Mais aujourd’hui, il faut bien l’avouer, même dans les tics de journaleux, le niveau baisse, des traductions foireuses de l’anglais (« typiquement », « dû à… »…) aux outrages purs et simples au français. La faute à la presse en ligne, ses cadences infernales, ses articles putaclics, et à la paresse intellectuelle qu’entraîne le digital ? « Digital », tiens, encore un mot anglais auquel on a essayé de substituer le français « numérique ». Seulement voilà, ça a été en vain…

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