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L'émission est dans le collimateur de l'Arcom après une mise en demeure dans l'affaire Lola et la nomination d'un rapporteur indépendant pour des insultes à un député LFI.

« Touche pas à mon poste. +36% d’audience, pic à 2,3 millions de téléspectateurs ». Le 2 novembre 2022, la chaîne C8 se félicitait ainsi de ses performances en octobre. Ce qu’elle ne disait pas, c’est qu’elle réalisait ses audiences à plus de 2 millions de téléspectateurs le jour-même où son animateur faisait scandale sur l’affaire Lola, le lendemain et les jours qui suivirent, soit les 18, 19, 24 et 25 octobre. Dans une séquence fameuse, et relayée sur Twitter et les réseaux sociaux, Cyril Hanouna demandait « perpétuité direct » pour la meurtrière de l’enfant de 12 ans, sans éluder la question : « Faut-il juger les fous ? ». Réponse : au motif que « la société a changé », il faut selon lui envoyer directement la suspecte déséquilibrée en réclusion à perpétuité car « elle n’a pas droit à une défense ».

C’est cette position contraire à l’idée même de justice qui a conduit l’Arcom à mettre en demeure C8 le 18 novembre pour un « manquement à l’obligation de traiter avec mesure une affaire judiciaire en cours ». Malgré les protestations sur le plateau du magistrat Georges Fenech, l’autorité constate également « que l'animateur a pu longuement exprimer son opinion sans qu'une contradiction rapide et efficace ne lui soit opposée ».

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Le jour même, le mouvement Sleeping Giants, « collectif citoyen de lutte contre le financement du discours de haine », publiait son dix-huitième tweet depuis le 10 novembre  contre TPMP après avoir interpellé des marques comme Intel, Free, Nintendo, SNCF, Macif… « #TPMP : appel de l'animateur à des procès expéditifs et déni des droits de la défense exprimés répétitivement sans contradiction. Ce n'est pas du divertissement, mais de la propagande fascisante ». Après Valeurs actuelles, le collectif cible ainsi l’émission, ce qui n'est pas totalement sans conséquence puisque la durée moyenne de l’ecran publicitaire de 20h35, à la fin de la deuxième partie de TPMP, est passé de 6 mn 15 à 5 mn 30 sur la période du 7 au 18 novembre (vs les semaines précédentes). Malgré de bonnes audiences.

Rien à voir pourtant avec la situation de 2017 où l’ancienne directrice générale de la régie de Canal+, Francine Mayer, avait été conduite à suspendre la commercialisation des écrans dans l’émission à la suite d’un canular jugé homophobe qui avait valu à C8 une amende de 3 millions d’euros décidée par le CSA. Mais la question Hanouna risque bien de se reposer très vite avec la deuxième affaire concernant les insultes au député LFI Louis Boyard, survenue le 10 novembre, qui est cette fois examinée par un rapporteur indépendant du conseil d’État et peut ouvrir la voie à une sanction (excuses, suppressions d’écrans pub ou amende). « Il n'y a pas une fois où nous ne sommes par intervenus », rappelle-t-on à l’Arcom.

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Cyril Hanouna semble avoir décidé d’allumer ses contrefeux en portant le débat sur les Insoumis qu’il refuse désormais d’inviter et en répliquant à la plainte de Louis Boyard par une autre plainte. Si TPMP devenait une émission hostile à LFI, ce serait plus facile à assumer qu’un plateau favorable à l’extrême-droite, comme la chercheuse Claire Sécail l’a démontré en constatant que 45% du temps d’antenne politique avait été consacré à Zemmour entre septembre et décembre 2021. 

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