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Incarnation aux États-Unis du magazine de luxe depuis 155 ans, le titre Harper’s Bazaar sera lancé par le groupe Prisma Media le 23 février 2023. Matthias Gurtler, directeur des rédactions, nous dévoile le projet.

Pourquoi lancer Harper’s Bazaar en France ?

MATTHIAS GURTLER. Nous avons constaté que la presse de luxe a connu peu d’arrivants ces dernières années. À une époque où les marques de luxe affichent une croissance à deux chiffres, on imagine qu’il y a une curiosité et une demande du public sur ce secteur.

Comment avez-vous obtenu cette licence ?

Avec Claire Léost, qui dirige Prisma Media et Arnaud de Puyfontaine, de Vivendi, nous avons contacté Hearst, maison américaine qui édite Harper’s Bazaar, en leur proposant un projet, envisagé avant l’été. Le contrat de licence est signé pour plusieurs années.

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Quel est votre projet éditorial ?

Nous avons proposé, Olivier Lalanne, le rédacteur en chef, et moi, en tant que directeur des rédactions, qui coiffe aussi Gala et Flow, une stratégie éditoriale qui s‘adresse spécifiquement au marché et aux marques françaises en produisant du contenu. Notre mensuel n’intègre pas un système globalisé en publiant les sujets d’autres éditions. Nous aborderons la mode et la beauté sous un prisme culturel, au même titre que le théâtre ou la danse. Nous serons fidèles à l’esprit d’innovation du titre qui a mis le premier homme en couverture, en fédérant artistes, écrivains ou photographes. Nous voulons être le Studio 54 ou le Palace des heures de gloire.

Qui avez-vous recruté ?

Une vingtaine de personnes. Olivier Lalanne, ex-adjoint de Carine Roitfeld à Vogue, a dirigé Vogue Homme puis GQ, Franck Durand, le directeur créatif, a signé la charte graphique de L’Étiquette, Élodie David-Touboul, responsable mode, est l’ex-assistante de Marie Amélie Sauvé [rédactrice et styliste], et Julie Levoyer a dirigé la beauté de Stylist.

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Serez-vous installé à Gennevilliers ?

Non, à Paris, rue de Penthièvre. C’est aussi une volonté de Hearst. Mais nous bénéficions de l’expertise du groupe Prisma via sa régie, son savoir-faire en référencement SEO, en vente au numéro, en impression, fabrication et en production vidéo.

Le luxe n’est pas dans la culture de Prisma Media. Difficile de réunir ce casting ?

Nous voulions les meilleurs pour une marque qui existe depuis 155 ans. Certains avaient fait le deuil de la presse en travaillant pour des marques ou sur des projets personnels. Cette version est très attendue par le milieu de la mode comme nous l’ont signifié les 44 rédacteurs en chef des autres éditions.

Comment sera déclinée la marque ?

Avec 10 numéros par an, le mensuel affichera entre 170 et 220 pages, pour une diffusion de 150 000 exemplaires. Le numéro 1 sera en vente le 23 février au prix du marché. L’objectif en DFP [Diffusion France payée] est de 80 000 exemplaires. Nous croyons à la désirabilité du papier que l’on peut feuilleter et même découper. C’est un média d’émotion. Nous avons intégré la hausse du prix du papier dans notre business plan. Nous serons sur le digital et sur les réseaux dont TikTok, sur lequel Gala rencontre un succès mondial, sur Instagram et sur LinkedIn pour être référent dans l’industrie de la mode.

Un tel projet est coûteux…

Nous avons la chance d’avoir un actionnaire, Vivendi, qui souhaite se lancer dans le luxe et croit au papier. Il nous donne les moyens de le faire.

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