Le billet d’Emmanuel Gavard

[Edito] L’exercice impitoyable des vœux présidentiels relève davantage du monologue théâtral que du discours politique. Un rituel contraint qui n’a plus lieu d’être dans un monde où le public a envie de répondre.

Terrible aveu que ces vœux présidentiels, sixième édition du cru Macron, qui ont définitivement enterré l’exercice dans un cercueil de naphtaline. Le discours solitaire, rituel contraint de début janvier, n’a plus lieu d’être dans un monde où le public a envie de répondre. L’exercice impitoyable relève davantage du monologue théâtral que du discours politique. Seul sur sa scène, Emmanuel Macron l’a prouvé sans sourciller dans sa nouvelle pièce « 2023 » et a mis en exergue toutes ses fonctions. Explicative, tout d’abord, pour permettre au public de bien connaître l’intrigue. Le président se montre tourmenté face à « un futur qu’en vérité, on ne connaît pas, dont nous savons pourtant avec certitude que nous devrons l’affronter ». Le synopsis est clair : « cette année 2023 est d’abord celle de questions que je sais inquiétantes, et de crises […] à affronter. » Une fonction du monologue introspective ensuite, où le personnage s’interroge, exprime son état d’être profond. « Qui aurait pu prédire la vague d’inflation […] Ou la crise climatique ? », se lamente-t-il, comme un roi grec en manque d’oracle. L’injustice divine le frapperait-elle de son bras vengeur ? Fonction dramatique ensuite, expliquant son plan pour rebâtir la cité. Notons ici la lourde anaphore : « par notre travail et notre engagement » qui n’a rien à envier aux plus mélodieux des chants soviétiques. Seul hic : le président semble avoir oublié la fonction délibérative, où le protagoniste s’interroge sur les diverses solutions qui s’offrent à lui. C’est qu’il avance, avec la certitude en guise d’épée.

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