Réseau social 

Sous la direction d'Elon Musk, Twitter a récemment rétabli des dizaines de milliers de comptes, souvent liés aux mouvances complotistes ou antivax. De quoi relancer une désinformation massive. 

Sous la direction d'Elon Musk, Twitter a récemment rétabli des dizaines de milliers de comptes, dont certains appartenaient à des complotistes ou des opposants à la vaccination, au risque de relancer un phénomène de désinformation sur le réseau social. De quoi pousser Emmanuel Macron lui-même à faire part de son inquiétude quant au devenir du réseau social. Selon le développeur Travis Brown, cité par plusieurs organisations, plus de 27 000 comptes restaurés avaient été suspendus pour motif de désinformation, de harcèlement et de manifestations de haine. Contacté par l'AFP, il a affirmé que sa liste était incomplète et que le nombre de ces comptes pourrait être plus élevé. 

« Rétablir ces comptes va faire de la plateforme un aimant pour les acteurs qui veulent répandre des fausses informations », prévient Jonathan Nagler, co-directeur du Centre sur les réseaux sociaux et la politique de l'université NYU (New York University). « Et il y aura moins de modération des discours haineux, ce qui va rendre le réseau moins hospitalier pour beaucoup d'utilisateurs », ajoute-t-il. Parmi les personnalités de retour sur le réseau de l'oiseau bleu, des figures « antivax » comme le cardiologue Peter McCullough ou encore le médecin Robert Malone, qui avait été suspendu, il y a un an, pour avoir mis en garde contre la dangerosité supposée des vaccins contre le coronavirus, sans information vérifiée à l'appui. 

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Depuis la levée de la suspension de son compte, Robert Malone, qui rassemble plus de 869 000 abonnés, a posté plusieurs messages relayant de fausses informations sur le vaccin contre le Covid-19. Chez les anciens parias de nouveau autorisés sur le réseau social, figure également l'ancien président Donald Trump, qui se tient néanmoins, pour l'instant, à sa promesse de ne pas revenir et de n'utiliser que le réseau social Truth Social, qu'il a lui-même créé l'an dernier. Mike Lindell fait partie de ceux qui ont repris le flambeau. Suspendu à deux reprises en 2021, le PDG de la société My Pillow et soutien inconditionnel de Donald Trump a appelé, dès le rétablissement de son compte, à « fondre les machines électroniques de vote pour en faire des barreaux de prison ». Une référence directe à la théorie complotiste selon laquelle le décompte des voix lors du scrutin présidentiel de 2020 a été manipulé avec l'aide des machines à voter, ce qui n'a jamais été démontré. 

« Sous l'ère Musk, les ‘‘super-propagateurs’’ de désinformation se sentent encouragés et les lecteurs ont moins d'éléments à disposition sur la fiabilité des sources », souligne de son côté Jack Brewster, de l'observatoire des médias NewsGuard. Mi-décembre, Twitter avait indiqué dans une publication sur sa plateforme qu'une « suspension permanente était une mesure disproportionnée pour avoir enfreint les règles » du réseau social. Elon Musk a ensuite précisé que Twitter « restait déterminé à empêcher les contenus dangereux » sur son site, ainsi que les « acteurs malveillants ». Et d’ajouter : « Les comptes rétablis doivent toujours respecter nos règles ». Un sophisme caractérisé. 

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