Médias

Midi Libre, Sud Ouest et La Voix du Nord viennent d’annoncer le projet de se séparer d’une partie de leurs effectifs. De quoi inquiéter lecteurs et salariés.

Dur début d’année pour les salariés de la presse quotidienne régionale. Le 11 janvier, La Voix du Nord a précisé les contours d'un plan social de compétitivité visant une centaine de postes. Le 17 janvier, un plan de mobilité a été présenté en comité social et économique extraordinaire au Midi Libre portant sur 45 postes tandis que le même jour à Sud Ouest a été annoncé en comité social et économique la suppression de 19 équivalents temps plein dans le groupe.

« La direction ne nous a pas donné plus d’information, détaille Agnès Védrenne du SNJ, journaliste à Sud Ouest. On ne sait pas quels postes sont visés, dans le groupe ou dans une filiale. On nous a dit que nos managers nous informeront. Et ces départs s’ajoutent à ceux qui se font au fil de l’eau, à ces départs naturels qui ne sont pas remplacés, déplore-t-elle. Voyez, notre agence de Charente, Angoulême et Cognac, où travaillaient quatre CDI et deux CDD, a fermé. Il ne reste plus qu’un reporter sur ce territoire ».

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Au Midi Libre, le plan de départs vise 45 postes dont 9 secrétaires et 26 journalistes, ce qui équivaudrait à un quart des effectifs de journalistes. Les postes sont identifiés. « Juridiquement, c’est un plan de mobilité. Ils veulent importer chez nous le modèle de La Dépêche du Midi [qui appartient aussi à la famille Baylet] avec moins de journalistes, plus de pigistes et plus de correspondants. Dans toutes nos agences, les équipes diminuent et il n’y a parfois plus personne en local le week-end pour tenir une permanence », assure Thierry Levesque, élu SNJ du CSE. La direction accélère les réunions pour que le plan soit ficelé en mars et mis en place avant l’été. Si un accord-cadre n’est pas trouvé, c’est le plan social - ou PSE -qui se profile.

À La Voix du Nord, l’intersyndicale parle d'« une véritable saignée ». Sur un effectif de 580 salariés, le plan prévoit 100 départs dont 70 postes de journalistes et de la moitié des assistantes. Un sixième des salariés seraient remerciés. Une réorganisation est prévue dans les 17 éditions locales avec la suppression de 4 d’entre elles. La direction souhaite externaliser auprès d’une agence de presse une partie des tâches et fermer le bureau de Calais via une mutualisation avec Nord Littoral, qui appartient aussi au groupe Rossel.

« En assemblée générale, le personnel a rejeté les avancées du plan qui a déjà fait l’objet de prénégociations et une motion de défiance a été votée à l’égard de la direction. Les plans sociaux à répétition ne font que dégrader les conditions de travail », confie Bertrand Bussière, délégué syndical SNJ. Nous sommes une entreprise qui dégage des bénéfices depuis des années et la rentabilité du titre a été affectée en 2022 pour des raisons exogènes, liées à l’augmentation des coûts du papier et de l’énergie, et à la baisse des ventes, mais nos comptes ne sont pas dans le rouge ».

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À ces plans, s’ajoute celui de Centre France effectué en 2021 et de possibles départs au groupe Ebra. Comme le signale le rapport d’information rédigé par Michel Laugier et remis au Sénat en juillet 2022, entre 2010 et 2019, le nombre de journalistes a déjà diminué de 8,5 % « alors même que la qualité du travail rédactionnel constitue la meilleure garantie d’avenir pour le secteur. »

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