Médias

Le rapprochement entre France Bleu et France 3 est en route et prend la forme d’une marque commune : « ici ». Mais la protestation syndicale se fait aussi entendre.

« Une marque unique et commune de la proximité qui rayonne sur tous les canaux », c’est en ces termes qu’une note du 1er février dit à quoi donnera naissance l’union de France 3 et de France Bleu. Émanant d’un séminaire conjoint des directions de France TV et de Radio France, le 27 janvier, cette même note – qui a fuité – ne livre pas l’identité de l’enfant. Pourtant, le nouveau-né a déjà un nom : « ici ».

Un site intitulé « ici, par France Bleu et France 3 » a dès à présent sa baseline : « Le média de la vie locale ». Les deux groupes réfléchissent à créer une marque commune « sur tous les environnements ». Après une appli créée l’an dernier, un site avec des contenus géolocalisés sera lancé en mars afin d’éviter par exemple à un Lillois de retrouver les mêmes infos qu’un Marseillais.

Puis, en septembre prochain, les éditions d’information de France 3 seront entièrement régionales, conformément au plan Tempo, ce qui doublera quasiment le temps d’info de proximité. On retrouvera donc « ici 12/13 » et « ici 19/20 ». « Il y aura des points d’ancrage sur tous les supports », résume-t-on du côté de la direction.

Il s’agit aussi de jouer la complémentarité entre les antennes régionales à travers un projet éditorial commun à cinq ans, avec des directions uniques et le développement de la polyvalence pour améliorer le maillage du territoire, via notamment des studios bi-usages. « On travaille ensemble en outre-mer, on a des événements en commun sur le plan sportif, culturel ou électoral, l’idée est d’aller plus loin à un niveau local », précise-t-on encore.

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L’heure est encore aux discussions dans le cadre du contrat d’objectifs et de moyens 2024-2028, qui doit être prêt pour l’été afin d’être soumis ensuite aux deux assemblées et à l’Arcom. Toutefois, un front syndical fait déjà savoir son hostilité. « Ce projet ne sera pas le nôtre », fustige le SNJ, qui se dit « vent debout contre tout plan de fusion ». En cause, notamment, la généralisation des implantations communes. Matthieu Darriet, cosecrétaire national du syndicat pour Radio France, voit ainsi « un premier pas » dans le regroupement dans les mêmes locaux, à Rennes, de la radio et de la télé. « On regarde beaucoup du côté de la RTBF où la radio récupère le son d’un reportage TV », pointe-t-il. À la direction, on précise qu’il n’y a pas de « barrière temporelle » et qu’on peut se donner dix ans pour aller au bout des baux.

À Franceinfo aussi, les deux médias sont appelés à se regrouper sur la lutte contre les infox et contre le « désordre informationnel ». « C’est l’idée d’un journalisme à 360, on produit sur n’importe quel support, ajoute Matthieu Darriet. Le but est de nous rapprocher sur un service, puis deux, puis vous arrivez à une seule rédaction. »

Le malaise est d’autant plus sensible à France Bleu que l’audience est au plus bas (4,9 % au dernier Médiamétrie). Le cosecrétaire du SNJ souligne qu’avec les matinales communes à France Bleu et France 3, le reportage n’est pas favorisé : on trouve deux journalistes postés en locale radio plutôt qu’un seul. « France Bleu s’est éloignée de sa mission, tout est décidé à Paris et il n’y a aucune autonomie, que ce soit sur la taille des journaux ou telle chronique “nouvelle éco” qu’on se traîne comme un boulet », soupire-t-il.

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