À moins de deux mois de son lancement, la Coupe du Monde féminine de foot n’a toujours pas de diffuseur en début de semaine, faute d’accord financier entre les chaînes et la Fifa.

Les footballeuses sont dans l’expectative. À moins de deux mois de son coup d’envoi, le 20 juillet, la Coupe du monde féminine de football cherchait toujours, le 30 mai à la mi-journée, un diffuseur en France, tout comme en Allemagne, en Espagne, en Italie. En cause, l’impossibilité, pour la Fifa et les chaînes, de se mettre d’accord sur l’aspect financier. Le calendrier de la compétition (du 20 juillet au 20 août) et les horaires des matchs (le plus souvent le matin, puisqu’ils se jouent en Australie et en Nouvelle-Zélande) entraînent un déficit d’attractivité pour les annonceurs et grèvent le potentiel de rentabilité via la publicité. Les offres des chaînes tourneraient autour de 5 millions d’euros, quand la Fifa en demanderait bien plus. À titre indicatif, pour le Mondial 2019, qui se déroulait en France, TF1 avait déboursé au moins le double.

Cette situation a des précédents, au moins dans les autres sports. « C’est un phénomène tendanciel. La diffusion est plus l’exception que la règle », rappelle Christophe Lepetit, économiste du sport au CDES (Centre de droit et d’économie du sport), à l’heure où le Championnat de France féminin de foot cherche aussi un partenaire média pour les prochaines saisons.

De fait, cette absence de diffuseur - qui a suscité moult prises de parole de la Fifa à la ministre des Sports -, est le symbole d’évolutions récentes du marché. « Celui-ci est en recomposition. Les budgets se concentrent sur un nombre limité de compétitions premium », dessine Christophe Lepetit. Quant aux montants des droits, ils ne bougent pas autant que ce à quoi l’on aurait pu s’attendre après une surexposition en 2019. « La progression est un cercle vertueux », note l’expert. Autrement dit, augmenter la médiatisation augmente la visibilité, les revenus, les sponsors… Et inversement. Reste à savoir où commencer. « Pour Corée/Japon 2002, côté masculin, le même problème d’horaires se posait mais la Fifa avait vendu l’événement avec Allemagne 2006, ce qui permettait aux diffuseurs d’amortir le risque », précise Vincent Chaudel, fondateur de l’Observatoire du sport business.

Hors frontières

Si l’appel d’offres n’a pas abouti, les discussions continuent. Les associations entre diffuseurs apparaissent dans la tendance, à l’instar de ce qui s’est passé lors de la précédente Coupe du monde féminine, avec une diffusion assurée par TF1 et Canal+. Les droits de la Coupe du monde de rugby en septembre et octobre 2023 ont été achetés par TF1 qui a cédé des matchs à M6 et France Télévisions. Par ailleurs, il n’est pas exclu que des plateformes comme Amazon Prime Video - diffuseur de la Ligue 1 et de Roland-Garros - veuillent se positionner pour consolider leur place dans le sport. En réalité, elles sont soumises à la même problématique de calendrier que les diffuseurs TV. En théorie, « leurs discussions peuvent être mondiales. Pour les grands événements, on va aller de plus en plus vers des droits globaux et non plus par pays », souligne Vincent Chaudel. Si aucun diffuseur classique ne cède, reste les plateformes des acteurs du sport eux-mêmes, comme Fifa+. Un test qui ne serait pas sans risque.

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