De plus en plus présente dans le groupe de presse, l’IA est utilisée par le groupe Les Echos-Le Parisien via la data pour le recrutement d’abonnés numériques. Explication de Violette Chomier, sa directrice de la data.

Produire des contenus, générer des images ou du code… L’IA possède un territoire d’applications dont les contours sont sans cesse repoussés. Ayant à cœur d’ordonner ces sujets, le PDG des Echos-Le Parisien, Pierre Louette, a déjà confié à Violette Chomier, chief data officer depuis cinq ans, la charge de coordonner toutes les initiatives en lien avec l’intelligence artificielle. « L’objectif est d’avoir une position cohérente sur ce sujet déjà très présent dans le groupe, au sein du pôle data notamment. On y utilise du machine learning pour comprendre les comportements de nos abonnés, anticiper les désabonnements et prédire l’abonnement à nos titres », explique-t-elle.

Ainsi, en travaillant sur la rétention, les équipes du groupe sont désormais capables de prédire en 14 jours avec un degré de certitude élevé si le client va se désabonner dans les 15 jours suivants. De même, le groupe arrive à identifier la propension à l’abonnement en fonction de la consommation de contenus sur des sites du groupe qui comptent 25 millions de lecteurs par mois. « Nous savons par exemple qu’un inscrit a jusqu’à 125 fois plus de chances de s’abonner qu’un anonyme », affirme Violette Chomier. De quoi dynamiser les portefeuilles des Echos comme du Parisien qui approchent les 90 000 abonnés numériques chacun. L’IA est aussi une ressource importante pour prédire le nombre d’exemplaires à mettre à disposition dans les différents points de vente en France. Le groupe a recours à la solution du groupe Bearingpoint nommée Nitro.

Sur les 1 700 collaborateurs du groupe, Violette Chomier pilote une équipe transverse d’une trentaine de personnes. Certains viennent de l’équipe tech qui compte 200 salariés, dont une soixantaine de développeurs, d’autres, du marketing et des services commerciaux. « Nous avons délimité une quinzaine de chantiers prioritaires, dont la distribution de nos contenus sur les réseaux, et notamment à la déclinaison de la promotion des offres d’abonnement, les problématiques de SEO, la personnalisation ou la recommandation pour les lecteurs sur les sites pour gagner en efficacité, détaille-t-elle. Nous sommes en train de chiffrer le ROI de chacun d’entre eux, en matière de gain de temps, de mutualisation possible, d’énergie ou d’économie ». L’obstacle principal qu’elle rencontre une fois les tests faits et concluants ? « Intégrer ces développements dans des plannings déjà très chargés ».

Une charte pour ChatGPT dans les rédactions

Les rédactions ont aussi recours à l’IA à travers la data to content, soit l’automatisation de la production de certains articles comme les résultats des élections. Mais le groupe est allé plus loin à travers une charte, adoptée fin mai, encadrant ces utilisations et s'engageant à ne pas utiliser d'IA générative (ChatGPT, Midjourney...) pour le texte ou l'image sans supervision humaine : « Un bel effort collectif qu’on a réussi à faire, en provoquant cette discussion avec dix directions de la rédaction qui ne se parlent pas forcément d’habitude et se sont accordées, se félicite la CDO des Echos-Le Parisien. On est le premier média français à l’avoir fait. »