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Six mois après l'avoir annoncé, le poids lourd des médias Vivendi, filiale du groupe Bolloré, passe à l'offensive sur Lagardère en déposant son calendrier d'OPA auprès de l'Autorité des marchés français (AMF). Arnaud Lagardère se dit confiant.

La filiale de Bolloré a annoncé lundi 21 février son calendrier pour tenter de contrôler totalement le groupe Lagardère, dont il détient déjà plus de 45%, avec une offre publique d'achat (OPA) qui aura lieu entre mi-avril et fin mai 2022.

Selon le document publié lundi 21 février, le mastodonte des médias propose aux actionnaires d'acquérir « leurs actions Lagardère au prix unitaire de 25,50 euros », dividende inclus, entre le 14 avril et le 20 mai. Vivendi avait d'abord fixé son prix d'offre à 24,10 euros par action, mais selon un analyste interrogé par l'AFP, le groupe a revu ce montant à la hausse en raison de « résultats plutôt meilleurs qu'attendu chez Lagardère » en 2021, estimant qu'il « aurait été difficile d'attirer les actionnaires » avec le prix initial.

Le groupe Lagardère, présent dans les médias (Europe 1, JDD, Paris-Match, Virgin Radio, RFM, la licence Elle), l'édition (Hachette Livre) et le commerce de détail dans les gares et aéroports, a ramené sa perte à 101 millions d'euros en 2021 contre 688 millions d'euros l'année précédente.

En dehors de la période d'OPA, les autres porteurs pourront céder ultérieurement leurs actions à ce prix plancher de 24,10 euros jusqu'au 15 décembre 2023.

L'objectif de Vivendi avec cette opération ? « Prendre le contrôle en dépassant les 50% (de participation), mais on ne sait pas encore si Bernard Arnault [qui détient 10% via la Financière Agache] et le Qatar [11,5% via Qatar Investment Authority] vont apporter leurs titres », explique l'expert.

Un ami de trente ans

Le sort d'Arnaud Lagardère, héritier du groupe du même nom fondé par son père, reste quant à lui incertain. Ce dernier avait déjà perdu les pleins pouvoirs au sein du groupe familial après sa transformation juridique en société anonyme en juin dernier. Il avait alors obtenu de Vivendi de pouvoir rester aux manettes comme PDG jusqu'en 2027.

Assurant que « l'intégrité du groupe serait conservée », Arnaud Lagardère n'a cessé d'apporter son soutien à la transaction. Il la qualifiait encore la semaine dernière d' « OPA amicale » menée par « son ami de trente ans », le milliardaire Vincent Bolloré, devant une commission parlementaire.

« Je suis de plus en plus conscient et convaincu que les choses vont bien se passer dans l'intérêt de tout le monde », assurait ce dernier devant les sénateurs, concédant toutefois que « les garde-fous en réalité [n'existaient] pas ou peu ».

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Avec cette opération, Vivendi veut étendre son influence dans le secteur des médias en s'emparant totalement de Lagardère News (Paris Match, Le Journal du Dimanche, Europe 1, Virgin Radio, RFM, la licence Elle).

Le groupe, piloté par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, avait commencé à se déployer dès 2015 en devenant le premier actionnaire de Canal+, s'illustrant par un remaniement brutal de la chaîne d'informations I-Télé, devenue depuis CNews.

Six ans après, Vivendi a accéléré la cadence en 2021 avec, dans un premier temps, l'acquisition en mai dernier de Prisma Media, premier groupe de magazines en France, qui édite notamment Capital, Femme Actuelle, Gala ou Geo, puis en montant au capital de Lagardère au printemps dernier.

Si l'opération inquiète dans les médias du fait du virage à droite de CNews et Europe 1 sous la houlette de Vincent Bolloré, elle préoccupe aussi le milieu de l'édition. Ce rapprochement entre Vivendi, propriétaire d'Editis numéro deux de l'édition en France, et Lagardère Publishing, maison mère de Hachette Livre et numéro un de l'édition, aboutirait à une position ultra-dominante de cette nouvelle entité sur le secteur. Ce que ne devraient pas permettre les autorités de la concurrence française et européenne.

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