Audiovisuel

Après l'annonce de l'interdiction de Russia Today (RT) et du site Sputnik dans l'Union européenne, RT France a dénoncé « une violation de l’État de droit » qui « va à l’encontre des principes mêmes de la liberté d'expression et d'information ».

« Nous allons interdire dans l’UE la machine médiatique du Kremlin. Les médias d’Etat Russia Today et Sputnik, ainsi que leurs filiales, ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et semer la division dans notre Union », a déclaré dimanche 27 février la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ajoutant que des « outils » allaient être développés pour « interdire leur désinformation toxique et nuisible en Europe ».

Immédiatement, RT France a réagi en affirmant que cette annonce est « une violation de l’État de droit et va à l’encontre des principes mêmes de la liberté d'expression et d'information », en rappelant que 176 salariés travaillent chez RT France, dont plus de 100 journalistes titulaires de cartes de presse. La chaîne soutient que cette interdiction « n’a aucun fondement juridique » dans la mesure où « aucun manquement n’a été constaté qui pourrait justifier une pure et simple censure ».

Elle précise qu’elle saisira tous les recours juridiques possibles pour s’opposer à cette décision. La déclaration de la présidente de la Commission a été faite dans le cadre d’une série de sanctions prises à l’encontre de la Russie, après l’invasion de l’Ukraine, comme l’interruption du système de paiement interbancaire Swift pour déconnecter les banques russes des échanges internationaux.

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L'Europe « se bat aussi sur le terrain de l'information » dans le cadre de l'invasion russe en Ukraine, a indiqué également dimanche 27 février le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, au micro de CNews/Europe 1. « On suit ce qu'il se passe en matière de désinformation et d'infrastructures » de communication, a-t-il assuré. Le commissaire a dit s'être « entretenu cette nuit avec le vice-Premier ministre ukrainien, Mykhailo Fedorov, pour faire le point sur l'état de la situation informationnelle » en Ukraine. « Il m'a indiqué que c'est avec YouTube qu'il y avait le plus de problèmes aujourd'hui en matière de propagande » et « j'aurai un entretien dès cet après-midi avec la présidente de YouTube parce qu'il faut impérativement que les plateformes jouent leur rôle ».

Suspension de la monétisation sur YouTube

De son côté, YouTube a annoncé samedi 26 février « suspendre » la possibilité pour certaines chaînes russes, dont RT, de monétiser leurs contenus sur sa plateforme, à cause des « circonstances exceptionnelles » en Ukraine. La plateforme vidéo de Google a également annoncé que l'accès à RT et à d'autres chaînes russes avait été limité en Ukraine. Les revenus sur YouTube sont générés grâce à la diffusion de publicités s'affichant lors du visionnage des vidéos hébergées.

« À la lumière des circonstances exceptionnelles en Ukraine, nous prenons un certain nombre d'actions », a déclaré un porte-parole de YouTube. « Nos équipes ont commencé à suspendre la possibilité pour certaines chaînes de générer des revenus sur YouTube, y compris les chaînes de RT dans le monde », a-t-il poursuivi.

La plateforme de vidéos a également précisé que les recommandations, redirigeant les utilisateurs vers ces chaînes, seraient « grandement limitées ». « Et en réponse à la demande d'un gouvernement, nous avons restreint l'accès à RT et un certain nombre d'autres chaînes en Ukraine », a indiqué YouTube. La plateforme a par ailleurs dit avoir supprimé des « centaines de chaînes » et des « milliers de vidéos » ces derniers jours, dont certaines pour « pratiques trompeuses », conformément à son règlement.

Vendredi, Facebook avait aussi déclaré avoir interdit aux médias d'État russes de gagner de l'argent par ce biais sur sa plateforme. Le manque de visibilité de certains médias officiels russes sur la plateforme avait entraîné des accusations de censure en Russie et la décision du Kremlin de limiter l'accès au réseau social.

Début février, l'Allemagne avait interdit RT sur son territoire, poussant Moscou à fermer le bureau de la radio-télévision allemande Deutsche Welle à Moscou. RT est régulièrement accusée en Occident de contribuer à la désinformation. Mise en service en 2005 sous le nom de Russia Today, RT, financée par l'État russe, s'est développée avec des diffuseurs et des sites web en plusieurs langues, notamment en anglais, français, espagnol, allemand et arabe.

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