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Laurent Guimier, directeur de l’information de France Télévisions et coprésentateur d’Élysée 2022 sur France 2, revient sur les grands sujets d'actualité de la semaine.

Le travail des envoyés spéciaux au cœur du conflit ukrainien.

Tous les journalistes de France Télévisions sur le terrain sont volontaires. Lorsque la guerre a éclaté le 24 février, nous avions déjà trois équipes sur place avec des journalistes reporters d’images [JRI], des grands reporters, des monteurs et leurs fixeurs [chargés de faciliter les rendez-vous et les déplacements], soit une douzaine de personnes. Ils sont maintenant une trentaine entre l’Ukraine, la Moldavie et la Pologne auxquels s’ajoutent une vingtaine de journalistes des sociétés de production qui travaillent pour nos magazines comme C Politique ou C dans l’air. Depuis ce week-end, nous nous organisons pour faire face à un conflit qui va durer. Maryse Burgot va rentrer en France, par exemple. Au-delà de la logistique, nous soignons l’aspect humain, qui est primordial. Nous avons mis en place un protocole de retour avec un accompagnement psychologique dans la durée, notamment.

Les médias, otage et enjeu de cette guerre.

Je réfute le terme d’otage, au sens propre comme figuré. Nous allons continuer à travailler de façon indépendante sur le terrain, tout en déployant toutes les mesures de sécurité nécessaires pour ne pas être entravés dans notre travail. Nous avons un correspondant à Moscou mais je n'en dirai pas plus. Ce qui change avec cette guerre, c’est que, pour la première fois, les images des réseaux sociaux alimentent les médias. C’est aussi une guerre d’images qui se déroule par smartphones interposés. Les images proviennent de smartphones et sont vues sur des smartphones. La cellule « Les révélateurs », que nous avons créée en novembre 2021 et qui comptera bientôt cinq personnes, prend tout son sens. Elle nous permet d’identifier, de dater, de géolocaliser et d’authentifier toutes les images produites par des citoyens, sur Twitter ou Facebook, et de choisir, ou non, de les diffuser sur nos antennes. Car en période de guerre, la propagande et la désinformation peuvent venir de tous les camps. Détruire des tours de télévision comme l’a fait la Russie ne va pas créer un black-out. Les images continuent de circuler sur les smartphones.

L’ombre d’une menace nucléaire.

C’est une angoisse réelle des Français que l’on a pu percevoir dès le 24 février dans l’émission Élysée 2022 spéciale Ukraine. J’y étais en charge de l’interaction avec le public et notre panel des téléspectateurs. La question de la menace de l’arme nucléaire a été posée, notamment à Dominique de Villepin.

Emmanuel Macron, candidat déclaré dans la presse quotidienne régionale.

Cela prouve la vitalité de la presse quotidienne régionale et je m’en réjouis. J’ai appris à lire dans Ouest-France (sourire). On ne saura jamais s’il aurait agi autrement sans la guerre. À mon avis, Emmanuel Macron aurait fait de la même façon. Cela montre à quel point cette campagne est intéressante sur le plan médiatique. L’exécutif innove, comme avec cette série de reportages diffusés sur les comptes des soutiens de Macron. À nous médias d’innover aussi. Cette campagne nous oblige à une plus grande réactivité et agilité. Et à défendre notre rôle contre l’ubérisation des médias, avec des politiques qui veulent faire sans nous, directement avec les Français. Je crois à l’expertise journalistique et à l’invention de nouveaux formats interactifs.

La mort de Jean-Pierre Pernaut.

Je n’ai jamais travaillé avec lui. J’ai le souvenir de mon père regardant son journal pendant sa pause déjeuner, à la maison. Je note qu’il était, avec Évelyne Dhéliat, l'un des rares journalistes dans le classement des 50 personnalités préférées des Français. Et qu’il préférait regarder les téléspectateurs dans le blanc des yeux plutôt que de se servir d’un prompteur.

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