Reportage

La chaîne publique déploie un dispositif inédit et ambitieux pour les soirs d'élection. Objectif : rendre plus attractif le rendu antenne pour séduire les téléspectateurs et notamment les plus jeunes.

Laurent Delahousse arrive dans le hall de France Télévisions, la mèche en bataille, comme il se doit. Son sourire se devine derrière son masque chirurgical. Pas question pour le chef d’orchestre des soirées électorales de France 2 de risquer d’attraper le covid. L’immense hall d'accueil du groupe public est en plein chantier lorsque nous le visitons, à la veille du premier tour de la présidentielle.

« Arène démocratique »

« J’étais encore en train de travailler ce matin en lisant de la documentation. Et j’essaie de mémoriser les cinq heures de conducteur et toutes les informations nécessaires pour la soirée. Lorsque je suis venu ce week-end, j’étais gêné de voir autant de personnes travailler dans le hall sur ce dispositif », nous confie le présentateur des journaux du week-end. Ils étaient une cinquantaine à s’activer de nuit pour donner vie à ce décor dressé dans l’immense espace d’accueil du groupe public. « C’est là que se tient le cœur de la soirée. Nous voulons jouer le pari de la transparence en investissant ce lieu, que nous voulons comme une arène démocratique, explique Arnaud Vincenti, le directeur artistique de l’information. Le hall devient un grand hub connecté à tous les lieux de la campagne que nous faisons vivre ».

Au-dessus de cet espace est accrochée à des câbles une caméra appelée « camcable ». Son usage était jusque-là réservé aux grands événements sportifs. Elle est louée pour l’occasion et se meut sur toute la longueur et la hauteur de l’espace-cathédrale. Elle permet de filmer, d’une part, les coursives où sont projetés des histogrammes (data visualisation) et d’autre part, les visages des candidats et l’image de Marianne qui trône, « incarnation de la démocratie et de la République, qui est active dans la révélation des résultats », souligne le directeur artistique.

45 directs géolocalisés

La camcable suit évidemment Laurent Delahousse, seul à se déplacer dans l’espace habillé d’un immense écran LED XR. Il permet au journaliste de voir en direct le studio du JT, situé au sous-sol, où officie Anne-Sophie Lapix. L’un et l’autre ont l’impression de se faire face en regardant l’écran. Cette technologie, via un effet de parallaxe, a été développée pendant le confinement par les Studios Disney. La journaliste interviewe dans son studio les responsables politiques et organise des débats thématiques et citoyens sur l’avenir des partis notamment. L’écran permet aussi de visualiser en même temps 8 des 45 directs géolocalisés des points de liaison où sont les reporters de la chaîne. Parmi lesquels, le soir du premier tour, les QG des douze candidats. Autant de prouesses techniques qui ont été modélisées avec des casques 3D avant d’être réalisées. « Ces innovations ont pour but de réinventer l’écriture de ces soirées et de capter un public plus jeune », reconnaît Michel Dumoret, directeur de la rédaction nationale de France Télévisions.

Ce dispositif, filmé par le réalisateur Jérôme Revon comme toutes les soirées électorales depuis 1995, est produit à 90 % par les équipes internes, mobilisées depuis neuf mois. Ces soirées font office de R&D pour le groupe, qui fera ensuite bénéficier ses antennes de ces innovations.

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